Un journaliste d'une radio royaliste assassiné

Chuor Chetharith, rédacteur en chef adjoint de la radio Ta Prum, liée au parti d'opposition royaliste FUNCINPEC, a été abattu le 18 octobre à Phom Penh. Le roi Norodom Sihanouk a condamné le meurtre et suspendu les négociations politiques en vue de former un nouveau gouvernement. C'est le premier assassinat d'un journaliste cambodgien depuis 1997. Reporters sans frontières est indignée par le meurtre de Chuor Chetharith. L'organisation demande au gouvernement de tout mettre en œuvre pour qu'une enquête permette d'identifier et de juger les auteurs de ce crime. "Pour restaurer la crédibilité du gouvernement, il est primordial de mettre un terme au climat d'impunité dont jouissent les assassins de journalistes. Nous vous prions de bien vouloir envisager la création d'une commission d'enquête indépendante sur ce meurtre qui renforce la crise politique actuelle", a écrit l'organisation dans une lettre adressée au Premier ministre, Hun Sen. Agé d'une quarantaine d'années, Chuor Chetharith, a été abattu à huit heures quinze du matin devant les studios de la radio, d'une balle tirée à bout portant par deux hommes à moto. Touché à la nuque alors qu'il sortait de sa voiture, le journaliste est mort sur le coup. Les meurtriers ont pu prendre la fuite. Rédacteur en chef adjoint de la radio Ta Prum, Chuor Chetharith était également membre du parti royaliste FUNCINPEC. Le 14 octobre, le Premier ministre, Hun Sen, avait déclaré que la radio Ta Prum devait mieux "contrôler ses programmes", en référence aux nombreuses critiques dont il fait l'objet dans ses programmes. Alors que se poursuivaient des négociations entre le Parti du peuple cambodgien (PPC, au pouvoir) et l'opposition pour la formation d'un gouvernement, cet assassinat risque d'aggraver la crise politique. En effet, le FUNCINPEC forme avec le parti de l'opposant Sam Rainsy l'Alliance des démocrates, opposée au PPC du Premier ministre Hu Sen, au pouvoir depuis près de vingt ans. Depuis les élections législatives du 27 juillet 2003, au cours desquelles le PPC n'a pas obtenu une majorité suffisante pour pouvoir former seul un gouvernement, le Cambodge connaît une grave crise politique. L'assassinat de Chou Chetharith a eu pour conséquence directe la suspension immédiate de toutes les négociations en cours sous l'égide du roi Norodom Sihanouk. Dans un entretien publié sur son site Internet d'information, le roi a qualifié "d'assassinat à motivation politique" le meurtre de Chou Chetharith. Il a dénoncé le fait que "dans 99 % des cas, les auteurs (des assassinats) sont introuvables et impunis". Entre 1994 et 1997, six journalistes avaient été assassinés dans le pays, les enquêtes n'ont jamais abouti.
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Updated on 20.01.2016