Un journaliste de France 3 entendu comme témoin assisté pour un reportage sur l'affaire Ben Barka

“En décidant d'exiger de l'auteur d'un reportage à haute teneur politique la révélation de l'identité de ses sources, le parquet soumet d'une part un journaliste à une pression scandaleuse, et met d'autre part un magistrat dans l'embarras. Le principe du droit à la protection du secret des sources autorise Joseph Tual comme tous ses confrères à garder le silence, un droit dont l'inscription explicite dans la loi sur la presse de 1881 est, de surcroît, actuellement en discussion au Parlement", a déclaré Reporters sans frontières.

Reporters sans frontières exprime son exaspération après la convocation, en qualité de "témoin assisté", le 20 novembre 2008, de Joseph Tual, journaliste de la rédaction nationale de la chaîne publique France 3, par le tribunal de grande instance de Lille, dans le cadre d'une instruction pour “recel de violation du secret professionnel” ouverte après la diffusion d'un reportage sur l'affaire Ben Barka. “En décidant d'exiger de l'auteur d'un reportage à haute teneur politique la révélation de l'identité de ses sources, le parquet soumet d'une part un journaliste à une pression scandaleuse, et met d'autre part un magistrat dans l'embarras. Le principe du droit à la protection du secret des sources autorise Joseph Tual comme tous ses confrères à garder le silence, un droit dont l'inscription explicite dans la loi sur la presse de 1881 est, de surcroît, actuellement en discussion au Parlement. La volonté d'instruire de cette manière une affaire telle que celle-ci conduit logiquement à soupçonner la procédure d'être de nature politique et punitive”, a déclaré Reporters sans frontières. Le 20 novembre, à 9 h 30, Joseph Tual, journaliste de France 3, a été convoqué au TGI de Lille. Le journaliste a été entendu en tant que témoin assisté, après le dépôt d'une plainte déposée pour "violation du secret de l'instruction" par un haut fonctionnaire marocain à la retraite, Miloud Tounsi, alias "Larbi Chtouki". Au cours de l'audition, un juge d'instruction a demandé au journaliste de révéler l'identité de ses sources. Le journaliste, assisté de son avocat, a expliqué qu'il n'était pas disposé à le faire. Miloud Tounsi avait décidé d'engager des poursuites après la diffusion, le 22 octobre 2007, jour de l'arrivée au Maroc du président français, Nicolas Sarkozy, d'un reportage révélant le lancement, par le juge d'instruction français Patrick Ramaël, de cinq mandats d'arrêt internationaux visant d'anciens hauts fonctionnaires marocains, dans le cadre de l'enquête sur la disparition, en 1965 à Paris, de l'opposant Medhi Ben Barka. Miloud Tounsi, soupçonné d'être l'organisateur du rapt, n'a toutefois jamais répondu aux deux convocations qui lui ont été envoyées dans le cadre de sa plainte.
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Updated on 20.01.2016