Un journaliste condamné à trois mois de prison ferme pour avoir dénoncé des faits de corruption

Reporters sans frontières proteste contre la condamnation à trois mois de prison ferme et à une lourde amende de Popol Ntula Vita, correspondant de l'hebdomadaire privé La Cité africaine à Boma (Bas-Congo, Ouest), contraignant le journaliste à la clandestinité alors qu'il a dénoncé des faits de corruption. "L'article de La Cité africaine, appuyé par des chiffres et des documents, révélait une pratique de détournement courante dans l'administration congolaise, où il existe presque systématiquement une différence entre le prix facturé des services et le prix payé. L'administration judiciaire n'est pas exempte de telles pratiques, les ordres établis par certains magistrats étant fréquemment monnayés contre quelques dizaines de dollars. C'est pourquoi le nouveau gouvernement congolais ne peut pas à la fois clamer sa volonté de lutter contre la corruption et tolérer qu'un journaliste qui la dénonce soit condamné en vertu d'une législation aberrante", a déclaré l'organisation. Le 26 février 2007, le tribunal de Boma a condamné Popol Ntula Vita à trois mois de prison ferme et 6450 dollars d'amende pour "diffamation" et "imputations dommageables" à l'encontre d'un responsable local du centre des impôts. Le procureur de la République avait requis 12 mois de prison. Le journaliste, absent à l'audience, est entré dans la clandestinité. Dans un article publié le 6 janvier, Popol Ntula Vita avait révélé qu'un responsable local de l'antenne de la Direction générale des impôts (DGI) et trois de ses collaborateurs surfacturaient la délivrance de plaques minéralogiques et "empochaient" la différence. La loi sur "l'imputation dommageable" ne stipule pas que la véracité des faits est une excuse absolue pour l'accusé et prévoit une condamnation si "l'honneur ou la considération" du plaignant ont été attaqués.
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Updated on 20.01.2016