RDC : RSF ouvre une résidence d’accueil pour les journalistes déplacés de la province du Nord-Kivu avec l’UNPC
Reporters sans frontières (RSF) a inauguré, avec son partenaire l’Union nationale de la presse congolaise (UNPC), une résidence d’accueil située à Goma, en République démocratique du Congo (RDC) pour les journalistes déplacés du Nord-Kivu. Face à l’insécurité grandissante dans la zone, une série de formations pour plus de 60 journalistes de Goma, Béni et Butembo est également organisée.
Deux journalistes ont été tués depuis septembre dernier et plusieurs professionnels de l’information ont été agressés. Une vingtaine de radios communautaires ont été fermées, censurées ou soumises au contrôle d’éléments du M23 entre fin juin et début juillet, quand d’autres ont été menacées de poursuites par le gouvernement. Les nombreux dangers auxquels les journalistes sont confrontés au Nord-Kivu les contraignent au déplacement dans cette province du nord-est de la République démocratique du Congo (RDC) : fin juin, une cinquantaine d’entre eux ont dû fuir leur domicile.
Face à cette dégradation sécuritaire, RSF a inauguré une résidence d’accueil pour les journalistes déplacés, ce 10 décembre à Goma, en présence de l’Union nationale de la presse congolaise (UNPC), partenaire de l’organisation, représentée par la présidente de la section provinciale Rosalie Zawadi, et de la conseillère du gouverneur militaire chargée de la communication et des actions humanitaires, Prisca Amala Luanda.
Les journalistes et médias vivent des moments très difficiles, marqués par la recrudescence des combats dans la province du Nord-Kivu. RSF se tient à leur côté pour soutenir leur résilience. En plus des bourses régulièrement attribuées à des journalistes en difficulté dans la province, l’organisation contribue de façon concrète à la sécurisation des journalistes. RSF se réjouit de pouvoir renforcer la protection des journalistes déplacés dans la province et appelle les autorités à s’engager encore davantage pour leur sécurité et pour lutter contre l’impunité des crimes commis envers eux.
Basée à Goma et fonctionnelle depuis le 1er septembre, la résidence, d’une capacité d’accueil d’une quinzaine de personnes, a commencé par abriter des journalistes déplacés des territoires de Rutshuru et Masisi. Cinq d’entre eux y vivent désormais de façon permanente, et une dizaine d’autres la fréquentent chaque semaine. Elle vient renforcer l’activité du centre de presse de la section Nord-Kivu de l'UNPC mis en place en 2015, qui propose un espace de travail de 50 places pour journalistes venant de toutes les régions du pays, en leur fournissant, avec le soutien de RSF, l'équipement et les conditions de travail nécessaires.
“L’initiative est une réponse à la crise sécuritaire au cours de laquelle la liberté de la presse est mise en mal et souvent payée au prix fort par les professionnels des médias”, a pour sa part déclaré Ndeye Diary Ba, chargée de projets pour RSF en Afrique subsaharienne. Présente à la cérémonie, elle a ajouté que face au saccage et à la confiscation des outils de travail des professionnels de l’information, “RSF se mobilise en mettant en place un cadre d'espoir et d’ancrage,en fournissant des équipements qui permettent aux journalistes de pouvoir continuer à faire leur travail en toute sécurité.”
Si la résidence a été conçue comme un lieu de repos, l’objectif est que “ses occupants, qui restent des journalistes, puissent continuer à exercer leur métier,” ajoute Rosalie Zawadi. Ils produisent des bulletins d’information, diffusés par des médias congolais partenaires de l’UNPC.
Plus de 60 journalistes formés à la sécurité physique et numérique
RSF offre également aux journalistes du Nord-Kivu des sessions de formation à la sécurité physique et numérique. Les deux premières ont eu lieu fin novembre et début décembre à Goma. Elles seront suivies d’un atelier courant janvier, pour les journalistes de Butembo et de Béni. Plus de 60 journalistes sont ainsi accompagnés dans toute la province du Nord-Kivu. Plus largement, RSF est mobilisée dans l’ensemble du pays : l’organisation a contribué à l’équipement de locaux de médias et de centres de presse en connexion Internet satellitaire pour améliorer les conditions de travail des journalistes dans différentes régions de la RDC.
Des journalistes pris en étau par le conflit
Deux journalistes ont été tués depuis septembre. Le coordinateur de la station de radio catholique Maria, Edmond Bahati Monja, a été tué par balles à bout portant dans la soirée du 27 septembre à Goma. Après son enlèvement le 29 octobre par des membres du M23, le journaliste Yoshua Kambere Machozi, animateur de la radio communautaire de Mpety, située à 180 kilomètres à l'ouest de Goma, dans le Nord-Kivu, a été retrouvé mort le 6 novembre. Les circonstances et raisons de sa mort restent floues.