Un journaliste assassiné pour ses enquêtes sur le trafic de drogue
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Reporters sans frontières s’indigne du meurtre du journaliste Ayub Khattak survenu le 11 octobre 2013, dans le district de Karak, (province de Khyber Pakhtunkhwa, nord-ouest du pays). Le journaliste a été abattu devant son domicile.
“Nous adressons nos sincères condoléances à la famille d’Ayub Khattak. D’après les premières informations dont nous disposons, ce meurtre semble bel et bien lié aux activités professionnelles du journaliste. Nous appelons les autorités à faire toute la lumière sur cette tragédie en privilégiant la piste professionnelle”, a déclaré l’organisation.
“Il s’agit du septième meurtre de journaliste dans le pays depuis le début de l’année. Il est impératif que de meilleures conditions de travail et de sécurité soient mises en place pour les acteurs de l’information. Les violences à l’encontre des journalistes, dont les causes et les formes varient selon les régions, ont pour point commun de ne pas faiblir. Les autorités fédérales doivent accentuer leurs efforts pour protéger les professionnels des médias,” a ajouté Reporters sans frontières.
Ayub Khattak, journaliste au Karak Times, a été la cible de deux individus circulant à moto qui l’attendaient près de son domicile. Ces derniers l’ont interpellé, lui demandant pourquoi il enquêtait sur leurs activités de trafic de drogue. Quinze minutes plus tard, les deux hommes sont revenus et ont tiré sur le journaliste à l’aide d’une Kalachnikov. Atteint de plusieurs balles, Ayub Khattak est décédé durant son transfert à l'hôpital.
Le journaliste, coutumier des menaces suite à ses investigations, menait une enquête sur l’augmentation du trafic de drogue dans le quartier de Wrana Mir Hassankhel. Selon ses proches, il n’avait aucun différend personnel qui aurait pu mener à son assassinat, et les raisons de son meurtre seraient clairement professionnelles. Une thèse accréditée par Haleem Bukhari, journaliste basé à Karak qui a confirmé à Reporters sans frontières que : “la victime menait une enquête sur le trafic de drogue et ses protagonistes, et c’est ce qui semble être le mobile de cet assassinat ciblé”.
L’un des fils d’Ayub Khattak a désigné deux frères impliqués dans le business de la drogue, comme les coupables du meurtre de son père : Aminullah et Hasab Niaz. Actuellement en fuite, les accusés ont fait l’objet d’enquêtes policières suite aux investigations du journaliste.
Des journalistes locaux se sont réunis à Karak pour protester contre cet assassinat et demander justice pour la mort de leur collègue, qui était père de dix enfants.
Les violences à l’encontre des journalistes se sont multipliées au cours des derniers mois. Dans la soirée du jeudi 10 octobre, Sardar Shafiq, secrétaire général de l’union des journalistes d’Abbottabad et employé d’un quotidien ourdou local, a été attaqué par trois individus armés de barres de fer alors qu’il quittait son travail. Souffrant de graves blessures, il a été emmené d’urgence à l'hôpital d’Abbottabad, mais ses jours ne sont pas en danger.
Le pays se classe au 159ème rang sur 179 du classement 2013 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Credit photo: the dawn
Publié le
Updated on
20.01.2016