Un internaute emprisonné pour avoir imprimé l’article d’un blog pour ses collègues
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Reporters sans frontières dénonce la condamnation d’un employé du Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM), Seng Kunnaka, le 19 décembre 2010, à Phnom Penh, à six mois de prison et une amende d’un million de riels, soit 250 dollars, par le juge Keo Vandy, lors d’un procès expéditif.
Seng Kunnaka a été reconnu coupable « d’incitation », un délit puni par l’article 495 du nouveau code pénal, pour avoir partagé avec ses collègues un article de KI-Media, un blog d’information très populaire, critiquant le gouvernement. L’article incriminé qualifierait le premier ministre Hun Sen et plusieurs hommes politiques haut placés de “traîtres”. KI-Media avait également publié récemment des articles dénonçant les querelles territoriales avec le Viêt-nam, un sujet très sensible dans le pays. Son avocat, Chou Sokheng, a annoncé son attention de faire appel.
« Cette condamnation traduit le durcissement des autorités à l’égard de la liberté d’expression en ligne. Reporters sans frontières ne se prononce pas sur le contenu des articles partagés par Seng Kunnaka, mais rappelle que l’internaute n’a pas effectué une distribution publique des articles, fait puni par la loi dans le pays. Il s’est contenté de les imprimer afin de les lire avec deux collègues, a déclaré Reporters sans frontières. Seng Kunnaka ne doit pas faire les frais du récent conflit entre le Programme alimentaire mondial et le Cambodge”.
Seng Kunnaka avait été arrêté le 17 décembre 2010, dans le quartier de Russei Keo, quelques jours après que le Premier ministre cambodgien a accusé le Programme alimentaire mondial d’avoir déclaré à tort que le pays risquait à une pénurie alimentaire. Des responsables du PAM ont depuis présenté des excuses publiques.
Appliqué depuis le 10 décembre 2010, le nouveau code pénal cambodgien renforce les restrictions qui pesent déjà sur la liberté d’expression dans le pays. L’article 495 s’appuie sur la notion vague de « l’incitation », définie comme la possibilité de « provoquer directement la commission d’un crime » ou de « créer de sérieux troubles dans la société par des discours, des écrits, des dessins ou des interversions audio-visuelles publics ». Ce nouveau code pénal permet également aux autorités de poursuivre un individu pour diffamation ou « attaque à la dignité ».
Publié le
Updated on
20.01.2016