Un directeur de publication libéré au Tamil Nadu
Organisation :
Reporters sans frontières salue la libération sous caution le 3 septembre du directeur de publication A.S. Mani de Naveena Netrikkan. La veille, son avocat avait obtenu cette décision d'un tribunal d'appel du Tamil Nadu. Le journaliste devra rester à Chidambaram, éloigné de 250 kilomètres de Chennai où est publié son journal, pour une période d'un mois.
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17 août 2010
Le directeur de publication de Netrikkan victime de tortures
Reporters sans frontières appelle le chef du gouvernement du Tamil Nadu, M. Karunanidhi, à annuler toutes les poursuites contre A.S. Mani, directeur de publication, rédacteur en chef et éditeur du magazine en tamoul Naveena Netrikkan. Suite à la publication d'un article dénonçant une affaire de corruption au sein de la police, le journaliste a été interpellé, le 19 juillet 2010 à Chennai (Tamil Nadu), par des policiers sur ordre de l'officier S.R. Jangid dans le cadre d’une affaire de meurtre montée de toutes pièces. Sa demande de libération sous caution a été rejetée le 10 août.
A.S. Mani a été victime de tortures physiques et psychologiques. Nous condamnons avec la plus grande fermeté les violences qu’il a subies en détention. L’acharnement des policiers à son encontre est inacceptable et le procès qui lui est intenté s’apparente à une vengeance. Le gouvernement doit sanctionner les responsables de ces crimes contre la presse et libérer le journaliste immédiatement.
Le directeur de publication a déjà passé un mois en prison en 2009. A sa libération, il avait déclaré à Reporters sans frontières que "la liberté et les droits de la presse sont entravés par des pressions politiques, notamment dans le Tamil Nadu, où la presse n'est pas en mesure de dénoncer les racines des maux de la société".
Le professeur Krishnaswamy, responsable du Comité de soutien pour la libération d'A.S. Mani, témoigne.
Cela fait presque un mois que A.S. Mani est détenu, quelles sont ses conditions de détention ?
A.S. Mani a été placé en détention le 19 juillet 2010, à dix heures et demie. Il a été inhumainement torturé à la station de police d'Egmore (Chennai). Lors de sa première nuit en prison, les policiers l'ont entièrement déshabillé et l'ont battu jusqu'à ce qu’il perde connaissance. Quand A.S. Mani s'est réveillé et a demandé à boire, l'inspecteur de police Chandrasekaran a uriné dans une bouteille et l’a obligé à boire son urine.
Quelles sont les charges retenues contre A.S. Mani ?
La police n'a présenté aucun mandat lors de son arrestation. L'équipe de rédaction de Naveena Netrikkan a par ailleurs appris tardivement son arrestation, dans la nuit du 20 juillet. Depuis, il est sous le coup de deux fausses accusations, montées de toutes pièces, dont une tentative de meurtre d'un informateur de la police A.N. Senkottaiyan. Arrêté vers dix heures du matin, ce meurtre qui aurait eu lieu à onze heures le jour de son arrestation ne peut qu'être fictif ! A.S. Mani a également été accusé de tentative d'évasion, pendant la nuit du 20 juillet. Chose aussi impossible, parce qu'il était inconscient, après de violentes tortures. D'autre part, on lui refuse toujours l’accès à un avocat.
Comment s’est déroulé son procès ?
Le 20 juillet, à dix heures, un magistrat s'est rendu à la station de police suite à la demande de l'officier S.R. Jangid. Sans voir ni entendre A.S. Mani, le magistrat a ordonné qu'il soit transféré à la prison centrale (Puzhal Chennai). Ensuite, le 22 juillet, il a été traduit devant le même magistrat, de nouveau à la station de police d'Egmore. Le magistrat a cette fois ordonné sa détention, à la station de police, pendant cinq jours. Il faut souligner que ceci est contre la loi. Je voudrais également signaler que le 20 juillet, les proches d'A.S. Mani ont versé une somme de 65 000 roupies à M. Jangid et M.Chandrasekaran, à la demande de ce dernier, en espérant qu’il ne soit plus torturé.
Quel est son état de santé ?
Nous ne savons pas grand-chose. Nous savons seulement que notre directeur a vu un médecin une fois, à l'hôpital général de Chromepet. Cela dit, il lui était interdit d'évoquer des tortures auprès du médecin. En donnant un pot-de-vin, la police a en revanche obtenu un certificat du docteur, attestant qu'A.S. Mani allait bien.
Publié le
Updated on
20.01.2016