Dipankar Chakrabarty, directeur du quotidien régional Durjoy Bangla, a été assassiné à coups de hache. Les journalistes de Bogra (nord du pays) ont donné 72 heures à la police pour identifier les coupables. Reporters sans frontières demande au ministre de l'Intérieur la création d'une commission d'enquête spéciale.
Le directeur d'un quotidien régional, Dipankar Chakrabarty, a été décapité par des inconnus qui ont réussi à prendre la fuite. Ce drame porte à quatre le nombre de journalistes tués au Bangladesh depuis le début de l'année 2004.
Reporters sans frontières exprime son indignation après cet assassinat barbare. L'organisation a adressé une lettre au ministre de l'Intérieur, Lutfozzaman Babor, pour lui demander de créer une commission d'enquête spéciale sur cette affaire et d'envoyer des policiers supplémentaires à Sherpur. "Si la lumière n'est pas faite sur les motifs de ce crime, c'est toute la presse qui vivra dans l'angoisse. Cette exécution semble porter la signature d'individus prêts à tout pour éliminer un journaliste qui les gênait", a déclaré Reporters sans frontières.
Alors qu'il rentrait à pied de son travail dans la soirée du 3 octobre, Dipankar Chakrabarty, directeur du quotidien régional Durjoy Bangla, a été tué à coups de hache à Sherpur (au nord-ouest de Dacca) par cinq jeunes. Des voisins ont entendu des cris et le bruit des mobylettes avec lesquelles ont fui les assassins. Les voisins se sont précipités dans la rue où ils ont découvert le corps décapité de Dipankar Chakrabarty. Après autopsie, la dépouille du journaliste a été transférée au Club de la presse de Bogra.
Un officier de police cité par l'Agence France-Presse a affirmé que le crime avait été commis par des "professionnels", mais qu'il ignorait encore les motifs et l'identité des coupables. Dans le passé, Dipankar Chakrabarty avait affirmé à Reporters sans frontières se sentir menacé pour ses dénonciations de la mafia locale qui jouit de la protection de certains politiciens de Sherpur.
Les journalistes de Sherpur et Bogra ont adressé un ultimatum aux autorités locales pour qu'elles retrouvent dans les 72 heures les auteurs de ce crime. Une marche silencieuse a été organisée dans la ville. Enfin, les journaux régionaux paraîtront avec une "une" blanche pendant les trois prochains jours, en signe de protestation.
Dipankar Chakrabarty, âgé de 59 ans, avait commencé sa carrière de journaliste dans les années 1970. Il était le vice-président de la section de Bogra de l'Union fédérale des journalistes du Bangladesh (BFUJ). La BFUJ a décidé d'accrocher un drapeau noir dans tous ses bureaux et ses membres porteront un badge noir pendant trois jours.
Après l'Irak et les Philippines, le Bangladesh est le pays où le plus grand nombre de journalistes (4) ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions en 2004. C'est, par ailleurs, au Bangladesh que le plus grand nombre de journalistes ont été agressés et menacés de mort en 2002, 2003 et au cours des premiers mois de 2004.