Quelques jours après le discours haineux contre la presse de Shahidul Alam Talukder (photo), député du parti au pouvoir BNP, un groupe de militants a agressé un journaliste suite à un article sur la corruption. Lors d'une manifestation dans la capitale, un policer a matraqué un journaliste. Reporters sans frontières dénonce les intimidations contre la presse indépendante.
Un député retire sa plainte contre 17 journalistes
Le député Shahidul Islam Master de Jhenidah (Sud) a annoncé, lors d'un meeting au Club de la presse de cette ville, qu'il retirait les plaintes qu'il avait déposées contre dix-sept journalistes.
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22.09.2005
Un député, un policier et des membres du parti au pouvoir s'en prennent à des journalistes
Reporters sans frontières est indignée par l'agression, le 17 septembre 2005, d'Anwar Hossain, journaliste du Dainik Khobor Patra, par des membres du Bangladesh Nationalist Party (BNP, au pouvoir). Quatre jours plus tard, un reporter de la chaîne Channel I a été matraqué par un policier lors d'une manifestation. Ces violences interviennent après le discours haineux envers la presse d'un député du BNP, Shahidul Alam Talukder. Le nom du politicien reste inscrit dans la liste noire des ennemis de la liberté de la presse de Reporters sans frontières.
"Certains militants du parti au pouvoir peu scrupuleux continuent à user de la violence pour intimider la presse indépendante, abusant ainsi de leur position politique. Il est urgent que les autorités réagissent en enquêtant sérieusement sur les pratiques de certains membres ou protégés du BNP", a déclaré Reporters sans frontières.
Le 31 août 2005, le député Shahidul Alam Talukder a menacé verbalement des journalistes lors d'un meeting du BNP tenu à Baufal (Sud du pays). Son discours était chargé d'insultes et d'incitations à la violence à l'égard notamment des correspondants des médias nationaux dans sa circonscription.
Ce député figurait déjà sur la liste noire des ennemis de la liberté de la presse de Reporters sans frontières. En effet, le 9 août, il avait tabassé le journaliste Manjur Morshed, du quotidien Ajker Kagoj, parce qu'il avait écrit un article le mettant en cause dans une affaire de corruption. Manjur Morshed a été sérieusement blessé.
Journaliste du quotidien Dainik Khobor Patra, Anwar Hossain, a quant à lui été sévèrement battu par des activistes du BNP qui l'avaient séquestré pendant deux heures à Jamalpur (près de Dacca). Le journaliste a été secouru par des collègues. Il venait de publier un article sur une affaire de corruption. Un responsable local du BNP interrogé par la presse, a reconnu les faits. Il s'est excusé pour les violences commises contre le journaliste, et les deux parties ont trouvé une solution à l'amiable pour clore l'incident.
Le 21 septembre, Mahbub Matin, reporter de la chaîne privée Channel I, a été matraqué par un policier alors qu'il filmait une manifestation de femmes du parti d'opposition dans la capitale. Mahbub Matin, blessé au genou, a déclaré à Reporters sans frontières que le policier l'avait frappé alors qu'il s ‘était clairement identifié comme journaliste.
Reporters sans frontières s'inquiète également de la multiplication des plaintes abusives déposées par des dirigeants des partis au pouvoir. Ainsi, début septembre, le député Shahidul Islam Master de Jhenidah, près de Jessore (Sud), a porté plainte contre les correspondants et les directeurs de publication de dix-sept quotidiens, notamment Janakantha. Les journaux auraient « blessé ses sentiments. »
Egalement dans la région de Jhenidah, M. Mahfuz, correspondant du journal régional Dainik Gramer Kagoj, a été violemment agressé, le 11 septembre, par des membres d'une mafia locale. Le journaliste a eu la main droite brisée et a reçu dix-sept points de suture à la tête. Il est actuellement hospitalisé à Kushtia après une opération pour tenter de retrouver l'usage de sa main. M. Mahfuz avait notamment publié un article le 7 septembre sur les activités criminelles du groupe « Janajuddhya », dirigé par un dénommé Kader Le journaliste a affirmé à Reporters sans frontières qu'il redoutait de retourner dans sa ville, de peur de nouvelles représailles.