Un cyberdissident condamné à 15 ans de prison pour des articles jugés “subversifs”

Le 11 septembre 2013, le tribunal populaire de la province de Phu Yen a condamné l’activiste Ngo Hao, âgé de 65 ans, à une peine de 15 ans de prison pour «tentative de renversement du régime». Reporters sans frontières s’indigne de cette nouvelle condamnation qui survient quelques semaines seulement après l’annulation de la peine prononcée à l’encontre d’une net-citoyenne. «Ce verdict annule tous les espoirs que la libération de Nguyen Phuong Uyen avaient fait naître concernant un assouplissement de la politique de répression de Hanoi. A l’instar des procès des blogueurs Nguyen Phuong Uyen et Dinh Nguyen Kha, les juges n’ont pas permis à l’accusé de faire valoir son droit à une défense équitable. A l’exception du fils de Ngo Hao, les membres de la famille n’ont pas été autorisés à assister au procès. Nous demandons l’annulation immédiate de la condamnation et la remise en liberté de cet activiste», a déclaré l’organisation qui réitère son appel à la libération de tous les cyberdissidents actuellement emprisonnés au Vietnam. Ngo Hao, dont l’arrestation remonte au 8 février 2013, est accusé par les autorités d’avoir rédigé et diffusé, entre 2008 et 2012, de fausses informations sur le régime et des propos à caractère diffamatoire à l’encontre des dirigeants du pays. Il est accusé d’avoir cherché par des moyens pacifiques à insuffler les bases d’une révolution similaire à celles des «printemps arabes». Ngo Hao s’est notamment vu accusé de collaborer avec le bloc 8406, un groupe dissident formé en 2006 et appelant à l’instauration de la démocratie et du multipartisme. Son fils, Ngo Minh Tam, s’inquiète pour la santé de son père qu’il juge critique. Lors de son procès, la séance à du être ajournée de quelques minutes en raison de la grande fatigue de l’accusé mais, cette demande n’a par la suite plus été acceptée par les juges. Le 12 septembre 2013, l’épouse du dissident, Nguyen Thi Kim Lan, a publié une lettre ouverte adressée au secrétaire général des Nations-unies, Ban Ki-moon, demandant le soutien de la communauté internationale pour obtenir la libération de son mari. Au cours des derniers mois, le Vietnam, situé au 172ème rang sur 179 au classement mondial 2013 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières, a été condamné à plusieurs reprises par la communauté internationale pour le traitement réservé aux blogueurs et dissidents. Récemment, l’Union européenne a exprimé sa préoccupation quant à la situation de la liberté d’expression dans le pays. Dans le cadre de l’accord de coopération et de partenariat conclu en juin 2012 entre l’Union européenne et le Vietnam, une table ronde s’est tenue le 11 septembre 2013 à Hanoi, au cours de laquelle les représentants de l’Union européenne ont pu relayer les inquiétudes exprimées par Reporters sans frontières. A l’occasion de la venue en France du premier ministre Nguyen Tan Dung à la fin du mois de septembre, un collectif de franco-vietnamiens organise une marche pour les droits de l'Homme afin de dénoncer la répression des acteurs de l’information et des militants des droits de l’Homme au Vietnam. Partants de Nantes le 16 septembre, les membres du collectif devraient atteindre Paris le 24 septembre prochain. Signer ici la pétition de Reporters Sans Frontières.
Publié le
Mise à jour le 20.01.2016