Un correspondant de la BBC menacé de mort par le front de libération baloutche
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Reporters sans frontières s’inquiète du sort d’Ayub Tareen, correspondant pour le service en ourdou de la BBC, à Quetta, capitale de la province du Baloutchistan (Sud-Ouest). Le journaliste a été contraint de trouver refuge hors de la ville, en un lieu tenu secret, après avoir été publiquement menacé par le Front de Libération Baloutche, le 21 juillet 2012.
“Nous prenons ces menaces très au sérieux, et demandons aux autorités locales de renforcer la sécurité des professionnels des médias. Nous approuvons l’appel au dialogue et à la médiation, lancé par l’Union des journalistes baloutches, pour régler les conflits entre la presse et les divers groupes d’intérêt présents dans la région. Cependant, si les autorités ne luttent pas activement contre ceux qui s’en prennent aux médias ni ne déploient de dispositif adéquat pour assurer la sécurité des journalistes, nous craignons qu’aucune avancée significative ne soit enregistrée dans les semaines à venir”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le 31 juillet 2012, Ayub Tareen a expliqué à Reporters sans frontières avoir été contraint de quitter Quetta après avoir reçu des menaces de la part du Front de Libération Baloutche (Baluch Liberation Front, BLF), qui l’accuse de couvrir ses actions politiques de manière “partiale”.
Plusieurs médias basés à Quetta ont reçu, par l’intermédiaire de l'agence de presse Pakistan News Network International, une déclaration du porte-parole du BLF, Basham Baluch, expliquant que le groupe “boycotte le service en ourdou de la BBC à cause de l’attitude partiale d’Ayub Tareen, un correspondant local”. Le BLF ajoute: “Nous informons la direction de la BBC afin qu’elle puisse (réagir) au comportement de son correspondant. Dans le cas contraire, nous serions forcés de prendre de sérieuses mesures.”
L’Union des Journalistes Baloutches (Baluchistan Union of Journalists, BUJ) a également condamné ces menaces, qualifiant de “non démocratique, non politique et immorale” la tentative par le BLF d’imposer aux médias une couverture spécifique de ses activités.
En 2011, le journaliste avait déjà fait l’objet de menaces similaires par le BLF, et avait été obligé de quitter temporairement la ville de Quetta.
Six journalistes ont été tués en 2012 au Pakistan, qui occupe la 151e place, sur 179 pays, dans le classement mondial 2011-2012 de la liberté de la presse de Reporters sans frontières. Le 28 mai dernier, Abdul Qadir Hajizai, reporter de Vsh TV, a succombé à ses blessures causées par les tirs de deux hommes à moto, dans la zone de Basima (district de Washuk), au Baloutchistan. La région fait partie des dix lieux les plus dangereux au monde pour les journalistes identifiés par l’organisation dans son bilan 2011.
Publié le
Updated on
20.01.2016