Un collaborateur de Radio Free Europe arrêté et torturé au moment même où le gouvernement fait des promesses à l'Union européenne

читать на русском Le 20 juin 2008, Sazak Dourdymouradov, un collaborateur de Radio Free Europe (RFE) au Turkménistan, a été arrêté par la police à son domicile de Baharden. Sa femme l'a retrouvé par hasard dans les bureaux des services de sécurité nationale (ex-KGB). Le journaliste a été torturé par la police qui voulait lui faire promettre de ne plus travailler pour RFE. Cette arrestation intervient alors que le Turkménistan vient de s'engager auprès de l'Union européenne à améliorer la situation des droits de l'homme. “Nous dénonçons fermement l'arrestation du journaliste Sazak Dourdymouradov et les mauvais traitements infligés par la police turkmène. La méthode employée par les services de sécurité est malheureusement habituelle. Les autorités font preuve d'un terrible cynisme en arrêtant un journaliste au moment même où elles discutent avec l'Union européenne de la question des droits de l'homme “, a déclaré Reporters sans frontières. Le 20 juin, le journaliste a été arrêté à son domicile de Baharden, à 200 kilomètres à l'ouest d'Achkhabad. Il a ensuite été conduit dans un hôpital psychiatrique proche de la capitale, mais lorsque sa famille a voulu lui rendre visite le lendemain, il ne s'y trouvait plus. Sa femme ne l'a retrouvé que le 24 juin au centre de détention de Baharden. Le journaliste a entamé depuis une grève de la faim. Les services de sécurité ont voulu faire signer une déclaration au journaliste, dans laquelle il s'engageait à ne plus travailler pour Radio Free Europe. Sazak Dourdymouradov a refusé et a alors été torturé. Il a déclaré à sa femme qu'il préférerait mourir. “Il s'agit d'un événement affreux. D'autant plus que le président Gourbangouly Berdymoukhamedov était engagé dans un dialogue avec l'Union européenne sur la question des droits de l'homme au moment même où Sazak Dourdymouradov était torturé”, a déclaré Jeffrey Gedmin le président de Radio Free Europe. Les autorités turkmènes exercent une pression constante et par tous les moyens sur les correspondants de Radio Free Europe. Osman Halliev, l'un d'entre eux, a déclaré être assigné à résidence sans en avoir été prévenu. “Mon téléphone mobile est coupé. Mon domicile est surveillé de tous les côtés. Si je quitte ma maison, ils me suivent. Il y a des officiers de police parmi eux. La situation empire d'heure en heure. Même mon petit-fils qui doit aller au jardin d'enfants a peur de sortir”, a-t-il déclaré. Le journaliste a ajouté que son fils Umyt a été renvoyé de l'université le 20 juin dernier. L'administration lui avait dit à plusieurs reprises que son père devait cesser sa collaboration avec RFE. Umyt, 23 ans, a été officiellement renvoyé pour avoir échoué à un examen. L'un de ses professeurs a pourtant admis avoir subi des pressions des autorités. Gourbanbourdy Dourdykouliev, un militant de la société civile fréquemment invité à parler sur les ondes de Radio Free Europe, est également la cible des autorités. La police est venue à son domicile et lui a “recommandé” de subir un examen psychiatrique. La semaine dernière, Aman, son fils de 10 ans a été renvoyé d'un camp de vacances. Un des responsables lui a indiqué que “le KGB ne voulait pas qu'il soit là”. Gourbanbourdy Dourdykouliev a déclaré que “les autorités voulaient l'intimider et le réduire au silence”. “Ils ont fait d'un enfant de dix ans leur ennemi”, a-t-il ajouté. Deux autres journalistes sont actuellement emprisonnés au Turkménistan. Khoudaïberdi Kourbandourdiev est privé de sa liberté depuis décembre 2005. Annakurban Amanklytchev est en prison depuis le 16 juin 2006. Il a été arrêté après avoir collaboré avec la chaîne de télévision France 2 à la réalisation d'un carnet de route sur le Turkménistan pour l'émission Envoyé Spécial. Le Turkménistan figure au 167ème rang sur 169 du classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Son président Gourbangouli Berdymoukhamedov fait partie des prédateurs de la liberté de la presse et des ennemis d'Internet.
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Updated on 20.01.2016