Un an après l'assassinat de Hayatullah Khan, le gouvernement étouffe les résultats de l'enquête
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Un an, jour pour jour, après l'assassinat du journaliste Hayatullah Khan, Reporters sans frontières dénonce l'attitude du gouvernement pakistanais qui refuse, malgré l'existence de trois rapports d'enquête, de poursuivre les assassins du reporter originaire des zones tribales. Selon des informations de l'organisation, le rapport rendu par le juge Mohammad Raza Khan permet d'identifier les assassins. Mais le gouvernement, notamment le ministre de l'Information Mohammad Ali Durrani, tente d'enterrer cette affaire et perpétue ainsi l'impunité.
"Nous exigeons la vérité sur l'enlèvement et l'assassinat de Hayatullah Khan. Reporters sans frontières tient à exprimer sa solidarité avec sa famille et ses collègues qui continuent à demander que les faits soient établis et que justice soit rendue, a affirmé l'organisation.
Une fois de plus, le gouvernement tente de faire oublier un crime odieux, dans lequel pourraient être impliqués des éléments des services secrets militaires. Afin d'apaiser, à l'époque, la colère des journalistes pakistanais et des organisations internationales, le gouvernement avait certes créé des commissions d'enquête, mais pour ensuite classer l'affaire. C'est inacceptable."
Depuis le 18 août 2006, date à laquelle le juge Mohammad Raza Khan de Peshawar a transmis son rapport d'enquête, les autorités n'ont engagé aucune enquête sérieuse. Une source qui a pu consulter le dossier, a affirmé à Reporters sans frontières que certains éléments contenus dans le rapport du magistrat permettent d'identifier les assassins du journaliste.
Afin de confondre l'opinion publique, les services de sécurité ont donné à des médias pakistanais des informations grotesques sur les circonstances de la mort de Hayatullah Khan. Ces fausses informations lient son assassinat à une vengeance d'un militant djihadiste ouzbek, prétendant de la sœur du reporter. La famille de Hayatullah Khan a qualifié de "ridicule" cette information.
Rappel des faits :
Le 5 décembre 2005, Hayatullah Khan, correspondant des quotidiens pakistanais Nation et Ausaf et photographe pour l'agence European Press Photo Agency (EPA), avait été enlevé dans la zone tribale du Nord-Waziristan. Quelques jours auparavant, le journaliste avait enquêté sur les circonstances de la mort d'un chef arabe d'Al-Qaïda, Hamza Rabia. L'armée pakistanaise avait affirmé que le djihadiste avait été tué dans une explosion accidentelle. Hayatullah Khan avait contredit l'armée en démontrant que Hamza Rabia avait été tué par un missile américain. Il appuyait ses affirmations par des photographies prises sur les lieux de l'incident. Le 16 juin 2006, le corps du reporter Hayatullah Khan avait été retrouvé près de Mir Ali dans la zone tribale du Nord-Waziristan. Il était menotté, paraissait très maigre, laissant penser qu'il avait été détenu dans des conditions très difficiles.
Publié le
Updated on
20.01.2016