Toujours plus de restrictions pour les journalistes dans les zones tribales

Reporters sans frontières dénonce l'interpellation, le 14 janvier, de deux journalistes pakistanais par les forces de sécurité. Un cameraman d'APTN s'est vu confisquer une cassette vidéo. Les trois reporters enquêtaient sur le bombardement par les forces américaines d'un village où devait se trouver le numéro deux d'Al-Qaida.

Reporters sans frontières déplore la brève interpellation par les forces de l'ordre, le 6 mars, de Haroon Rasheed, correspondant du service ourdou de la BBC World, Haji Mujtaba, stringer de l'agence Reuters, et Inam-ur-Rahman, collaborateur de l'agence de presse APTN, dans la zone tribale du Nord Waziristan. Le 7 mars, des fonctionnaires ont également saisi les cassettes d'Inam-ur-Rahman. Les trois journalistes tentaient de couvrir des affrontements entre les forces de l'ordre pakistanaises et des taliban autour de Miran Shah. Reporters sans frontières est également très préoccupée par les menaces persistantes de certains mollahs et djihadistes du Nord Waziristan à l'encontre des journalistes de la région. ---------------------------------------------------------- 17.01.2006 La zone tribale Bajaur Agency interdite à la presse Reporters sans frontières condamne l'interdiction d'accès de tous les journalistes, y compris pakistanais, à la zone tribale de Bajaur Agency (60 km au nord de Peshawar). Le 17 janvier, Haroon Rashid, du service ourdou de la BBC World Service, accompagné du reporter de la chaîne pakistanaise Avt Khyber, Mehmood Jan Babar, et du cameraman Waheed-ur-Rehman se sont vus priés par la police de retourner à Peshawar, alors qu'ils tentaient de pénétrer dans la zone pour poursuivre leur enquête sur les conséquences du bombardement américain du 13 janvier. Les journalistes ont alors entamé une brève manifestation accusant l'administration de chercher à museler la presse. D'après le ministre de l'Information, Sheikh Rashid, la zone tribale est sous le contrôle de l'armée qui se refuse, quant à elle, à tout commentaire. -------------------------------------------------------------- 16.01.06 Deux journalistes interpellés lors d'une enquête sur un bombardement américain Reporters sans frontières proteste contre l'interpellation, le 14 janvier 2006, de Haroon Rashid, du service ourdou de la BBC World Service, et Iqbal Khattak, du quotidien Daily Times, par les forces de sécurité dans la zone tribale Bajaur Agency. Les deux journalistes enquêtaient sur les conséquences du bombardement par l'armée américaine d'un village où était censé se trouver Ayman al-Zawahiri. Dix-huit personnes y sont mortes, mais vraisemblablement pas le numéro 2 d'Al-Qaïda. Le même jour, les autorités ont confisqué la cassette vidéo d'un cameraman de l'agence de presse américaine APTN qui venait de filmer dans ce village. « Au nom de quelles lois les deux journalistes pakistanais ont-ils été interpellés et la cassette vidéo a-t-elle été saisie ? Après des mois de black-out, les autorités civiles et militaires avaient enfin laissé les journalistes accéder librement aux zones tribales. Mais visiblement quand une affaire est trop dérangeante, la presse n'est plus la bienvenue », a affirmé Reporters sans frontières. Alors qu'ils prenaient des photos de militaires dans les rues de Khar, capitale administrative de la Bajaur Agency (50 kilomètres au nord de Peshawar), Haroon Rashid et Iqbal Khattak ont été interpellés et conduits dans le bureau de Fahim Wazir, administrateur de cette zone tribale. Le fonctionnaire leur a reproché de contribuer, par leurs articles, à l'insécurité de cette région. Les deux journalistes ont refusé que celui-ci vérifie les informations qu'ils comptaient envoyer. Il voulait notamment contrôler la nature des témoignages auprès de la population après le bombardement américain. Avant de les faire libérer, l'administrateur les a menacés de les interdire d'entrée dans les zones tribales. Ces interpellations interviennent alors que Hayatullah Khan, journaliste du quotidien en ourdou Ausaf et photographe pour l'agence European Press Photo Agency (EPA), est porté disparu depuis le 5 décembre 2005. Quelques jours auparavant, le journaliste avait contredit la version officielle sur la mort d'un chef arabe d'Al-Qaïda, Hamza Rabia au Nord-Waziristan. Le djihadiste avait été tué par un missile américain.
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Updated on 20.01.2016