Reporters sans frontières (RSF), en collaboration avec l’organisation vietnamienne de défense des droits de l’homme Defend the Defenders (DTD) a organisé du 31 juillet au 2 août 2015 un atelier de formation à la sécurité numérique à destination d’une vingtaine d’activistes vietnamiens. RSF condamne les multiples tentatives d’interruption et de harcèlement de la police locale.
Du 31 juillet au 2 août 2015 s’est tenu sur l’île de Cat Ba un atelier de formation à la sécurité numérique auquel ont assisté 23 défenseurs vietnamiens des droits de l’homme. Organisée conjointement par RSF et DTD et dispensée par un membre de DTD, Ton Phi, la formation visait à apprendre aux activistes à contrer les attaques de virus et les programmes malveillants pro-gouvernementaux dont ils sont la cible récurrente. Les participants ont néanmoins été lourdement surveillés par la police, et même interrompus à plusieurs reprises durant les trois jours de la formation.
“Il est inadmissible que la police surveille, harcèle et menace de la sorte des citoyens vietnamiens qui n’enfreignent aucune loi, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières. Nous demandons aux autorités vietnamiennes d’appliquer la Constitution, qui garantit la liberté d’expression et de la presse, l’accès à l’information et le droit de former des associations (article 25). Il est temps de mettre un terme au durcissement de la répression gouvernementale à l’encontre des blogueurs.”
Dès le premier jour de la formation, un groupe de policiers a fait irruption dans la salle de conférence et a tenté de mettre fin au rassemblement. Face aux protestations des participants et en l’absence de document officiel réclamant l’arrêt de l’atelier, celui-ci s’est néanmoins poursuivi. La participante Thuy Nga a pu filmer l’intervention de la police :
Le reste de la formation a fait l’objet de la surveillance rapprochée d’une dizaine de policiers, dont certains en civil. La police a par la suite ordonné au propriétaire de l’hôtel où se déroulait la formation de couper la connexion Internet et de leur retirer le droit d’utiliser la salle de conférence. La formation s’est donc poursuivie dans l’une des chambres des activistes. Les forces de police ont continué à harceler les participants à la formation, en effectuant notamment un “contrôle administratif” en pleine nuit dans les chambres occupées par les activistes, raid lors duquel ils ont violemment bousculé le blogueur JB. Nguyen Huu Vinh, membre de l’association des journalistes du Vietnam.
La répression à l’encontre des blogueurs au Vietnam se poursuit et se durcit. Le 25 juillet 2015, la blogueuse Me Nam (Mother Mushroom) a été agressée et détenue quelques heures par la police alors qu’elle se rendait à un rassemblement pour réclamer la libération des prisonniers politiques vietnamiens. Quelques jours avant les commémorations du 30 avril 2015 marquant les 40 ans de la fin de la guerre du Vietnam, le blogueur Trinh Anh Tuan, connu sous le pseudonyme de Gio Lang Thang, a quant à lui été roué de coups par trois individus habillés en civil mais identifiés par le blogueur comme étant des policiers. Le 12 février 2015, trois blogueurs, Le Thi Phuong Anh, Do Nam Trung et Pham Minh Vu, ont été condamnés à des peines de prison allant de 12 à 18 mois pour avoir couvert sur Facebook une manifestation anti-chinoise conduite par des ouvriers d’une plateforme pétrolière en Mer orientale.
Le Vietnam se place à la 175ème place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2015 établi par Reporters sans frontières.