Sichuan : la presse étrangère empêchée de travailler un an après le tremblement de terre

Reporters sans frontières condamne fermement l'attitude des autorités chinoises à l'occasion de l'anniversaire du tremblement de terre du Sichuan, qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts. Les autorités chinoises empêchent les journalistes étrangers d'enquêter sur la reconstruction et l'aide aux victimes dans les zones touchées par le séisme. De nombreux cas de pressions, de violences et de menaces ont été recensés. Les autorités chinoises leur reprochent d'être des "fauteurs de troubles". "Pourquoi les autorités chinoises persistent-elles à empêcher les journalistes étrangers d'enquêter sur l'anniversaire du tremblement de terre du Sichuan, alors qu'elles ont accordé en 2007 l'autorisation aux quelque 700 journalistes étrangers accrédités d'enquêter librement en Chine, à l'exception du Tibet? Nous demandons aux autorités chinoises de cesser d'entraver le travail des journalistes étrangers dans le Sichuan et de leur permettre d'entrer en contact avec les victimes et les familles des défunts", a déclaré l'organisation. Dès le 6 mai, le FCCC, le Club des correspondants étrangers de Chine, une "organisation illégale" selon Pékin, avait appelé ses membres à "redoubler de prudence" face à "une situation de plus en plus volatile". Une équipe de la télévision finlandaise a été encerclée et bousculée à Fuxin par dix hommes de la sécurité civile. Du matériel a également été détérioré. "C'était très violent", a déclaré la journaliste Katri Makkonen. Dans la même localité, un correspondant du quotidien britannique Financial Times a dû interrompre son interview de parents endeuillés après avoir été encerclé par une douzaine d'hommes, dont l'un a tenté de lui arracher sa caméra avant de le frapper au bras. La correspondante en Chine de Radio France, Dominique André, a été encerclée dans la localité de Juyuan par quatre fourgons de police et entre 15 et 20 hommes en uniforme. Elle n'avait pas encore commencé à recueillir des témoignages. "C'est la première fois que je suis physiquement empêchée de travailler, sans violence, mais fermement. Je n'avais rien fait si ce n'est que je n'avais pas à être là", a-t-elle déclaré à l'AFP. Une équipe de l'AFP a été sommée de quitter le village de Wufu, en dépit d'une autorisation de travail. Deux jours plus tard, elle a été chassée de Juyuan, un autre village, et le 11 mai, de nouveau, chassée d'une localité touchée par le séisme. Le 6 mai 2009, Hou Xiongfei, numéro deux de la propagande du Sichuan, s'en est pris aux journalistes occidentaux cherchant à se mettre en contact avec la population. "Ils ne viennent pas dans la zone de la catastrophe pour enquêter, mais pour exciter les gens et leur demander de s'organiser (contre le gouvernement)", a-t-il déclaré. La presse chinoise a , quant à elle, préféré multiplier les reportages positifs sur des survivants héroïques ou sur la reconstruction. Le cyberdissident Huang Qi est détenu depuis le 10 juin 2008 à Chengdu (capitale du Sichuan) pour avoir publié des articles sur son site Internet www.64tianwang.com concernant la situation humanitaire de la province lors du tremblement de terre du 12 mai. Il y a notamment dénoncé la mauvaise gestion de l'aide internationale par les autorités locales.
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Updated on 20.01.2016