"Semaines noires" pour la liberté de la presse au Cachemire

Reporters sans frontières exprime son entière solidarité avec les journalistes du Cachemire indien qui vivent depuis le début des manifestations, fin juillet 2008, l'une des pires périodes depuis des décennies. Le bilan des violations de la liberté de la presse est extrêmement lourd : un cameraman a été tué, au moins 35 journalistes ont été frappés par des agents des forces de sécurité, les chaînes de télévision locales ont été censurées et la presse n'a pas pu être diffusée dans des conditions normales en raison du couvre-feu. "Les autorités de New Delhi ne peuvent plus ignorer que la presse au Cachemire est victime d'un état d'exception contraire à la Constitution de l'Union indienne. Nous demandons une réaction rapide de la part des autorités pour que les violences cessent, que la censure soit complètement levée et que toutes les garanties nécessaires à l'exercice de leur travail soient données aux médias locaux. Les autorités doivent enquêter sur les violences policières qui ont provoqué la mort d'un cameraman et des blessures pour une trentaine de journalistes", a affirmé Reporters sans frontières. Reporters sans frontières demande aux autorités d'enquêter sur la mort de Javed Ahmed Mir, cameraman d'une télévision locale, qui a été tué par balles le 13 août alors qu'il couvrait une manifestation près de Bagh-e-Mehtab. Selon la BBC, Javaid Ahmad Mir, âgé de 35 ans, était également ouvrier dans une usine de textile pour faire vivre sa femme et ses trois enfants. Le couvre-feu imposé depuis le 24 août par les autorités a été levé le 2 septembre, suite à la conclusion d'un accord politique sur la controverse des terrains d'Amarnath qui a provoqué de violentes manifestations. Ce retour à la normale devrait permettre aux médias locaux d'être de nouveau diffusés. Mais le bilan est très lourd. Pendant une semaine, les habitants du Cachemire, et plus particulièrement ceux de la région de Srinagar, ont été privés de leurs quotidiens locaux et nationaux. Tandis que les chaînes de télévision locales n'étaient plus autorisées à diffuser des informations. Pour protester contre ces mesures, certains opérateurs de câble ont retiré de leurs offres les chaînes d'informations nationales et internationales. De nombreux habitants se sont également plaints d'interférence dans leurs communications par SMS. Depuis le début des manifestations, au moins 32 professionnels des médias ont été frappés par des membres des forces de sécurité. Une dizaine d'entre eux ont été hospitalisés. Par ailleurs, trois journalistes - Ashraf Wani, chef du bureau de la chaîne Aaj Tak,  Amir Bhat, cameraman de la chaîne NDTV, et Ishfaq-ul-Hassan, correspondant du Daily News Analysis - ont été attaqués par des manifestants. Selon un communiqué des journalistes cachemiris, de fortes présomptions pèsent sur les autorités locales et nationales. Elles n'ont rien fait pour empêcher ces violences contre la presse. "Quand le gouverneur  N. N. Vohra a été informé de ces attaques, il a affirmé ne pas être au courant, et en présence de journalistes et du secrétaire à l'Information, il a ordonné au directeur général de la police de faire cesser ces attaques. Mais jusqu'à présent, les violences ont continué", affirme le groupe de journalistes. La majorité des violences policières ont été commises par des agents de la Central Reserve Police Force (CRPF). Le 25 août, ce sont des membres de cette unité de police contrôlée à New Delhi qui ont frappé Asif Qureshi, du Star News. Le 31 août, Showkat Ahmed, le responsable informatique du quotidien Rising Kashmir, a été frappé par des agents de la CRPF alors qu'il circulait avec un laissez-passer.
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Updated on 20.01.2016