Russie : la radio Echo de Moscou condamnée pour un lien publié sur son site
Un tribunal de Moscou a condamné la radio Echo de Moscou à une amende, ce 27 avril 2018, pour un lien publié sur un blog hébergé par le site du média. Reporters sans frontières (RSF) dénonce un précédent inquiétant qui ouvre la voie à une escalade de la censure.
La radio de référence Echo de Moscou s’est vu infliger une amende de 20 000 roubles (environ 250 euros) le 27 avril, pour “langage obscène”. Le média n’a pourtant jamais publié les jurons incriminés, proférés dans une vidéo sur YouTube. C’est le blog de la candidate à l’élection présidentielle de mars 2018, Ksenia Sobtchak, hébergé sur le site d’Echo de Moscou, qui contient un lien vers cette vidéo. Le rédacteur en chef du site de la radio, Vitali Rouvinski, a lui aussi été reconnu coupable et condamné à une amende de 5 000 roubles (environ 65 euros).
“Avec cette condamnation, la pression sur les médias russes franchit un nouveau cap d’absurdité, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. Tenir un média responsable de contenus auxquels il est totalement étranger ouvre la voie à des dérives infinies.”
De nombreuses personnalités publiques russes tiennent un blog sur le site d’Echo de Moscou. Dans le billet incriminé, Ksenia Sobtchak revenait sur les insultes que lui avaient adressées un passant lors d’un voyage en Tchétchénie, dans le cadre de sa campagne électorale. “Je ne suis pas offensée, écrivait-elle, je sais [que cette personne ne représente pas] le peuple tchétchène.” Ce billet comprend un lien vers une vidéo d’une quarantaine de minutes, suivant Ksenia Sobtchak marchant dans les rues de Grozny à la rencontre des habitants. C’est cette vidéo qui a attiré l’attention du régulateur russe des communications, Roskomnadzor. Une loi de 2013 interdit l’emploi de jurons dans les médias.
La Russie se situe à la 148e place sur 180 dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2018, publié par RSF.