RSF rend hommage au courage des journalistes du Nanfang Zhoumo
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Reporters sans frontières condamne fermement la censure, par le Département de la propagande, de l’éditorial du 3 janvier 2013 de l’hebdomadaire réformiste Nanfang Zhoumo (南方周末). Intitulée “Le rêve chinois, le rêve du constitutionnalisme”, la version originale évoquait les espoirs de changements pour la nouvelle année, et appelait à l’avènement d’un gouvernement constitutionnel. Elle avait été épurée de son contenu critique et augmentée d'une introduction propagandiste. Ce lundi, des manifestations, autorisées par la police, ont eu lieu devant les locaux du groupe de presse. Un signe que les autorités se veulent très prudentes face à ces protestations populaires visant à dénoncer les actes de censure du régime.
“Les médias chinois sont aujourd’hui à un tournant historique. Une mobilisation sans précédent a vu le jour pour dénoncer le couperet des censeurs. Elle démontre que les journalistes chinois, déterminés collectivement, peuvent exercer une pression sur les autorités du pays”, a déclaré Christophe Deloire, Secrétaire général de Reporters sans frontières.
“Cet acte de censure est révélateur du mépris habituel des autorités chinoises pour la liberté de la presse, pourtant garantie par la Constitution chinoise elle-même. Qu’un journal respecté comme le Nanfang Zhoumo, qui ose aborder la question de l’Etat de droit et des libertés individuelles, voit son contenu censuré par le Parti communiste, est inadmissible”.
“Le nouveau Secrétaire général du Parti, Xi Jinping, doit prendre toute la mesure des conséquences de la censure dans le pays et œuvrer à l’abolition définitive du musellement du débat politique. Une enquête doit être ouverte afin de faire toute la lumière sur cette affaire. Les autorités doivent autoriser la publication de la version originale de l’éditorial et mettre un terme à la censure des commentaires publiés en ligne sur cette affaire”, a-t-il ajouté.
Selon certaines sources, Tuo Zhen, le chef du bureau de la Propagande de la province du Guangdong, aurait modifié l’éditorial à paraître de manière significative, supprimant toute critique implicite à l’encontre du régime politique actuel et du Parti communiste chinois, sans qu’aucun responsable de l’organe de presse n’en soit averti avant publication. Il aurait par ailleurs rédigé une introduction à l’éditorial.
Le rédacteur en chef adjoint Wang Genghui (王更辉) a condamné cette “violation des règles”.
Après la diffusion dimanche soir d’un message émanant du compte Weibo du Nanfang Zhoumo, dicté par son rédacteur en chef, Huang Can (黄灿), possiblement suite à des pressions et démentant les rumeurs de censure, le débat a repris de plus belle sur la Toile.
Le site de micro-blogging Weibo s’est une nouvelle fois imposé comme un outil de poids pour contourner la censure ; l’éditorial censuré a été re-tweeté à plusieurs reprises, et plusieurs journalistes de l’hebdomadaire se sont désolidarisés de cette annonce en informant leurs lecteurs de la supercherie, tout en annonçant leur intention de débuter une grève ce lundi. Plusieurs d’entre eux ont vu leurs comptes Weibo fermés. Ils ont par ailleurs publié une lettre ouverte condamnant la censure. Une pétition circule en ligne, appelant à la démission du chef provincial de la propagande, Tuo Zhen.
Vendredi 4 janvier, le site Internet du journal libéral chinois “Les Annales de l’empereur jaune” a été fermé par les autorités quelques jours après qu’il a publié un appel aux autorités à garantir les droits constitutionnels, parmi lesquels la liberté d’expression et de réunion.
(Comparer les deux articles)
Photo : STF / AFP
Publié le
Updated on
20.01.2016