RSF met en garde les autorités contre le contrôle de l’information sur le séisme au Sichuan

看中文 Reporters sans frontières s’inquiète de la couverture accordée à la catastrophe du séisme du 20 avril 2013 et demande aux autorités de ne pas recourir à la censure et à la répression contre les acteurs de l’information, comme elles l’ont déjà fait dans le passé dans des circonstances similaires. “Nos pensées vont avant tout aux victimes du tremblement de terre et à leurs proches. Dans une telle situation d’urgence et de chaos, il est vital qu’un maximum d’informations soit apportée aux victimes et à ceux qui sont touchés par la catastrophe. Les premiers réflexes des autorités laissent à penser qu’elles pourraient reproduire la politique de censure contre-productive qu’elles avaient imposée lors du dramatique tremblement de terre de 2008. La censure avait laissé d’innombrables familles dans la plus grande confusion et incompréhension, les poussant à manifester pour obtenir gain de cause. Elle avait également retardé l’identification de fautes graves commises par des officiels locaux et des sociétés de construction, responsables de la mort de milliers d’enfants scolarisés dans des ‘écoles de tofu’ ”, a déclaré Reporters sans frontières. “Nous appelons les autorités à laisser les acteurs de l’information libres de couvrir les conséquences du tremblement de terre, et à s’abstenir d’invoquer l’ordre public et la sécurité pour bloquer les médias chinois ou étrangers qui souhaiteraient se rendre dans la province du Sichuan”, a ajouté l’organisation Reporters sans frontières demande aux autorités chinoises du Sichuan, aux forces militaires ainsi qu’aux responsables politiques en charge de la gestion des secours et de la reconstruction de : - Permettre aux acteurs de l’information d’accéder aux zones sinistrées et d’entrer en contact avec les victimes : Le bilan provisoire du tremblement de terre survenu le 20 avril 2013 fait déjà état de plus de 200 morts et disparus et de près de 12 000 blessés. Le groupe de blogueurs et défenseurs des droits de l’homme dont faisait partie Huang Qi, fondateur du site 64 Tian Wang (www.64tianwang.com), a été intercepté par la police tandis qu’ils tentaient de rejoindre Ya’an. “La police nous a gardés pendant plusieurs heures, nous mettant en garde de ne pas créer de “troubles supplémentaires” au désastre”, a déclaré Huang Qi à Radio Free Asia. Un policier aurait mentionné la peine de prison qu’il avait reçu après avoir pénétré, en 2008, dans la zone ravagée par le séisme du 12 mai. - Ne pas diffuser de directives propagandistes imposant une ligne éditoriale aux médias locaux et nationaux : Le 14 avril 2010, un tremblement de terre ébranlait la province tibétaine de Qinghai, à quelques jours de l’ouverture de l’exposition universelle de Shanghai. Les autorités avaient alors imposé des règles strictes aux médias : couvrir le tremblement de terre en termes “scientifiques” et ne pas critiquer l’agence de prévention des risques sismiques. Une directive du 25 avril 2010 émanant du Département de la Propagande enjoignait les médias à réduire la couverture des conséquences du séisme pour se focaliser sur l’exposition universelle. - Ne pas mener de représailles à l’encontre des journalistes ou citoyens-journalistes qui couvrent le séisme : Arrêté en mars 2009 après avoir appelé les net-citoyens chinois à venir observer la situation des familles victimes du séisme dans le Sichuan, le blogueur et défenseur de l’environnement Tan Zuoren a été condamné le 9 juin 2010, par un tribunal d’appel de la province du Sichuan qui a confirmé sa condamnation en première instance, à cinq ans de prison pour "incitation à la subversion du pouvoir de l’Etat" et à trois ans de retrait de ses droits politiques. L’artiste Ai Weiwei, qui devait témoigner lors de son procès en première instance, a été passé à tabac au mois de septembre 2009 par les autorités chinoises. - Ne pas recourir aux arrestations ni aux poursuites judiciaires pour tenter de museler ceux qui se feront l’écho des suites du séisme : Le 10 juin 2008, Huang Qi avait été kidnappé en compagnie de deux militants des droits de l’homme à Chengdu par trois hommes inconnus, dans une opération qui portait la marque du Bureau de la Sécurité publique. En 2009, il avait été condamné à trois ans de prison pour “possession illégale de secrets d’État”. L’ancien professeur d’université Zheng Rongling avait également été arrêté, après avoir posté une série de trois articles traitant du tremblement de terre, sur un site Internet basé aux États-Unis. - Ne pas inciter les journalistes étrangers à l’auto-censure en recourant à la menace ou à diverses contraintes administratives : En 2008, si plusieurs journalistes étrangers avaient pu accéder assez librement aux zones sinistrées, aucun d’entre eux n’avait été autorisé à se rendre sur le plateau tibétain. Un an plus tard, ceux qui étaient venus rendre compte de l’avancée des travaux de reconstruction s’étaient vus refuser l’accès aux zones sinistrées, accusés par les officiels d’agir en “fauteurs de troubles”. Plusieurs cas de harcèlement, de violence et de menaces avaient été dénombrés. Jon Alpert et Matthew O’Neill, réalisateurs du long-métrage “China’s Unnatural Disaster : The Tears of Sichuan Province”, présenté au Festival du film indépendant de Pékin en 2009, ont essuyé un refus de visa. Photo : Zhou kun qd / Imaginechina
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Updated on 20.01.2016