Reporters sans frontières s'inquiète d'une utilisation abusive de la notion de "vie privée" par les personnalités publiques

Reporters sans frontières est préoccupée par la condamnation du groupe Hachette Filipacchi pour la publication d'un article paru dans Paris Match révélant l'existence du fils illégitime du prince Albert de Monaco. Le journal a été condamné à verser 50 000 euros de dommages et intérêts au prince Albert. Cette décision risque de créer un précédent dangereux pour la liberté d'expression en France.

Reporters sans frontières est préoccupée par la décision de la Cour d'appel de Versailles condamnant Hachette Filipacchi Associés (société éditrice de l'hebdomadaire Paris Match) pour avoir porté atteinte à l'image d'Albert II de Monaco dans un article intitulé "Albert de Monaco : Alexandre. L'enfant secret". "Nous sommes, bien entendu, favorables au respect de la vie privée, y compris en ce qui concerne les personnalités publiques. Mais nous pensons que l'existence de l'enfant secret d'un chef d'Etat ne relève plus de la sphère privée. D'autant plus quand il s'agit de la famille royale d'un Etat régi par le principe de la succession. Cette affaire tombe dans le domaine public et Paris Match n'a fait que son devoir d'information", a déclaré Reporters sans frontières. "Même si la condamnation reste mesurée, elle risque de créer un précédent dangereux pour la liberté d'expression en France. Nous sommes également inquiets des propos tenus par l'avocat général lors de l'audience qui laissait entendre qu'il fallait une décision forte afin de mieux protéger à l'avenir les personnalités publiques. Il n'est pas question que ces dernières bénéficient d'un traitement de faveur. Nous estimons qu'il est temps d'avoir un véritable débat sur cette question en France. Les journalistes, les juristes, les magistrats et les responsables politiques doivent y prendre part", a ajouté l'organisation. "Enfin, a conclu Reporters sans frontières, nous espérons que Paris Match portera cette affaire devant la Cour européenne des droits de l'homme. La législation française est l'une des plus restrictives en la matière. La justice allemande a donné tort au prince Albert qui avait porté plainte contre un journal local pour la publication des mêmes informations que Paris Match. Et, en Grande-Bretagne, le lien unissant deux personnes n'est généralement pas considéré comme relevant de la vie privée. Il est nécessaire qu'une juridiction internationale se prononce sur cette question". Le 24 novembre 2005, la Cour d'appel de Versailles a condamné la société Hachette Filipacchi Associés à verser 50 000 euros de dommages et intérêts à Albert Grimaldi et à publier, sur un tiers de sa couverture, un encart mentionnant la décision du tribunal. L'hebdomadaire Paris Match avait publié, le 5 mai 2005, un article intitulé "Albert de Monaco : Alexandre. L'enfant secret" accompagné d'une série de photos de Nicole Coste en compagnie de son enfant. La jeune femme avait expliqué qu'Albert de Monaco était le père de son enfant, Alexandre.
Publié le
Updated on 20.01.2016