Reporters sans frontières s'inquiète après l'annonce de la nomination future du président de la télévision publique par l'exécutif

" La décision de Nicolas Sarkozy redonne au pouvoir exécutif la capacité de contrôler la ligne éditoriale des médias publics. C'est inacceptable en 2008 dans un pays démocratique comme la France. La consultation prévue du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) et des parlementaires n'est pas un garde-fou suffisant", a déclaré l'organisation.

« La décision de nommer, à l'avenir, le président de France Télévisions en Conseil des ministres est très inquiétante et va à contre-courant de toutes les mesures prises, notamment dans l'Union européenne, pour offrir toujours plus de garanties d'indépendance aux médias publics. En France, nous ne parlons plus, depuis au moins une trentaine d'années, de médias d'Etat mais de médias de service public. La décision de Nicolas Sarkozy redonne au pouvoir exécutif la capacité de contrôler la ligne éditoriale des médias publics. C'est inacceptable en 2008 dans un pays démocratique comme la France. La consultation prévue du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) et des parlementaires n'est pas un garde-fou suffisant. Si le mode de nomination actuel n'est pas parfait et ne donne pas toutes les garanties nécessaires, celui annoncé par le chef de l'Etat va dans la mauvaise direction. Il vaut toujours mieux aller vers une plus grande indépendance des médias publics », a déclaré Reporters sans frontières. « Bienvenue dans les studios de l'ORTF ! [nom de l'ancienne radio-télévision d'Etat jusqu'à sa dissolution en 1974] annonçait à l'antenne, ce matin, France Inter. Les journalistes du service public ont raison de s'inquiéter et de se mobiliser. Il y va de leur indépendance et de leur capacité à garder la maîtrise de la ligne éditoriale de leur média. L'opinion doit également soutenir fermement l'indépendance des radios et télévisions publiques françaises », a ajouté l'organisation. Lors d'un discours prononcé à l'occasion de la remise du rapport de la commission parlementaire pour la nouvelle télévision publique, le 25 juin 2008 à Paris, Nicolas Sarkozy a souhaité « une nomination par l'exécutif » du président de France Télévisions, « après avis conforme du CSA, sous réserve qu'une majorité qualifiée de parlementaires n'y fassent pas obstacle ». Le président du groupe public France Télévisions est actuellement nommé par le CSA. Le rapport de la commission Copé proposait de confier ce pouvoir au conseil d'administration de France Télévisions.
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Updated on 20.01.2016