Reporters sans frontières s'étonne de l'ouverture précipitée d'un procès des assassins présumés de Serge Maheshe
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Aucun interrogatoire croisé, aucun droit de la défense, aucune expertise, aucune protection des témoins : "tout cela ne ressemble pas à une procédure judiciaire crédible", estime l'organisation.
Reporters sans frontières s'étonne des conditions dans lesquelles se déroule le procès des assassins présumés de Serge Maheshe, journaliste de Radio Okapi, tué le 13 juin 2007 par deux hommes armés alors qu'il quittait le domicile d'un ami.
"On pourrait se féliciter de la célérité de l'enquête, mais la précipitation avec laquelle la justice militaire a fait comparaître les deux suspects est plus que surprenante. Aucun interrogatoire croisé, aucun droit de la défense, aucune expertise scientifique de la scène du crime et des armes utilisées, aucune protection des témoins, confusion de l'affaire avec des arrestations de routine : tout cela ne ressemble pas à une procédure judiciaire crédible. Nous pensions que l'assassinat de Serge Maheshe était suffisamment tragique pour que les autorités congolaises prennent l'affaire au sérieux. Il est encore temps de faire en sorte qu'elle ne vire pas à la mascarade", a déclaré l'organisation.
Le procès de deux militaires, arrêtés à une cinquantaine de mètres du lieu du crime en possession d'armes à feu ayant servi peu de temps auparavant, s'est ouvert le 14 juin dans la soirée, devant le tribunal militaire de Bukavu (capitale du Sud-Kivu, Est). Un millier de personnes étaient présentes lors de l'ouverture de l'audience publique. Le gouverneur de la province, Célestin Cibalonza, a expliqué à l'AFP qu'ils étaient jugés dans le cadre d'une "procédure de flagrance".
Le caporal Katuzelo Mbo et le sergent Arthur Bokungo Lokombe (l'un est membre de la Force navale et l'autre est membre du groupe d'intervention rapide de l'armée au Sud-Kivu) ont été arrêtés lors d'une opération de police organisée au lendemain du crime et au cours de laquelle 17 autres personnes, dont 8 femmes, ont été arrêtées pour "détention illégale d'armes". Tous ont comparu devant le même tribunal. Selon Radio Okapi, les deux suspects ont nié toute implication dans le crime.
La famille de Serge Maheshe n'est pas présente, puisqu'elle est occupée à organiser les obsèques du journaliste, prévues le 15 juin.
Peu avant son assassinat, Serge Maheshe avait affirmé être menacé, notamment après qu'il avait été brièvement arrêté et brutalisé par deux militaires, membres de la Garde présidentielle, selon plusieurs messages électroniques dont Reporters sans frontières détient une copie.
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Updated on
20.01.2016