Reporters sans frontières rend hommage au journaliste Liu Binyan, « conscience de la Chine »

Reporters sans frontières est profondément attristée par la mort du célèbre journaliste et écrivain chinois Liu Binyan, et scandalisée par l'attitude du gouvernement chinois qui l'a empêché de rentrer dans son pays pour mourir. Les médias chinois n'ont pas été autorisés à annoncer la disparition de ce défenseur acharné de la liberté d'expression, plusieurs fois victime des purges maoïstes.

Reporters sans frontières est profondément attristée par la mort du célèbre journaliste et écrivain chinois Liu Binyan, et scandalisée par l'attitude du gouvernement chinois qui l'a empêché de rentrer dans son pays pour mourir. Les médias chinois n'ont pas été autorisés à annoncer la disparition de ce défenseur acharné de la liberté d'expression, plusieurs fois victime des purges maoïstes. « Même mourant, Liu Binyan faisait peur au Parti communiste. Ce régime n'a ni pitié ni compassion pour les intellectuels qui dénoncent ouvertement la corruption et l'autoritarisme du Parti unique. Liu Binyan restera comme un journaliste engagé, convaincu que la liberté d'expression était une nécessité pour la Chine », a déclaré Reporters sans frontières. Le 5 décembre, Liu Binyan est mort d'un cancer généralisé dans un hôpital du New Jersey (Etats-Unis). Pour ses 80 ans, en février 2005, l'auteur du « Cauchemar des mandarins rouges » avait demandé au gouvernement de Pékin de pouvoir rentrer sur sa terre natale pour y finir ses jours. Le gouvernement lui avait refusé le droit de retourner dans son pays qu'il avait quitté en 1988. Né en 1925 dans la province de Jilin, Liu Binyan venait d'une famille modeste. Après avoir rejoint le Parti communiste chinois en 1944, il a travaillé comme reporter pour le quotidien Nouvelles de la jeunesse de Chine. Dès 1956, il a publié des reportages sur la corruption et la bureaucratie, et un livre célèbre « L'histoire interne de notre journal » sur l'absence de liberté de la presse. En 1957, Liu Binyan a été victime des purges contre les « droitiers ». Jusqu'en 1978, il a fait de nombreux séjours en camp de travail. Partiellement réhabilité, Liu Binyan a continué à enquêter sur les dérives du Parti communiste et la situation des classes les plus pauvres. De nouveau victime d'une purge en 1987, Liu Binyan a quitté la Chine l'année suivante. Il n'a plus jamais été autorisé à s'y rendre. Les médias chinois n'ont publié aucune information sur la mort de Liu Binyan. Le moteur de recherche du site en anglais de l'agence de presse gouvernementale Xinhua ne propose aucune réponse pour « Liu Binyan ». Liu Binyan avait été qualifié en 2003 de « héros asiatique » par le magazine Time. Le Professeur Perry Link (Professeur à l'Université de Princeton) le qualifiait de « conscience de la Chine », « sans peur et incorruptible ».
Publié le
Updated on 20.01.2016