Reporters sans frontières proteste contre la fermeture de l'antenne de la Radio publique africaine à Ngozi

Reporters sans frontières condamne la fermeture par l'Agence de régulation et de contrôle des télécommunications (ARCT) de l'antenne à Ngozi (Nord) de la Radio publique africaine (RPA, indépendante), le 18 août. La radio aurait “largement dépassé” la durée d'exploitation de la fréquence prévue par la licence. Pour le directeur de la RPA, Alexis Sinduhije, cette décision est politique. Elle intervient au lendemain d'une mise en garde du président Pierre Nkurunziza contre “certaines radios et certains journalistes qui se sont érigés en tribunaux et en juges”. --------------------------------- 11.08.2006 - “Climat délétère” entre la presse et les autorités: Reporters sans frontières écrit au président de la République Reporters sans frontières a écrit au président de la République du Burundi, Pierre Nkurunziza, afin de lui faire part de son inquiétude quant au climat délétère qui règne actuellement au Burundi entre la presse et les autorités. Dans son courrier, l'organisation attire également l'attention de la plus haute autorité du pays sur un bilan qu'elle estime alarmant, une année après le début de son mandat à la tête du pays. “Les médias jouent un rôle stabilisateur des sociétés démocratiques, dans la mesure où ils canalisent et structurent les débats contradictoires à l'œuvre dans la société. Le travail d'information et d'investigation de la presse indépendante, même s'il dérange le pouvoir en place, ne constitue donc pas une source de déstabilisation et de trouble de l'ordre public. En revanche, les attaques contre elles, dans la mesure où elles donnent l'impression que les autorités cherchent à se venger de ses éventuels détracteurs ou à masquer une réalité aux yeux de la population, est une source de décrédibilisation de l'autorité publique, et donc de déstabilisation du gouvernement”, a écrit Reporters sans frontières au chef de l'Etat. “Il nous semble que, dans le contexte actuel, s'en prendre à la presse avec les moyens de répression dont dispose l'Etat ne fait que jeter de l'huile sur le feu d'une situation complexe et instable. C'est la raison pour laquelle nous vous appelons à apaiser la situation, en faisant cesser les menaces et les pressions qui pèsent sur la presse indépendante et en cherchant à construire une nouvelle relation avec les journalistes”, a ajouté l'organisation. Dans son courrier, Reporters sans frontières souligne le climat d'appréhension dans lequel vivent les journalistes depuis quelques semaines. L'organisation fait état, selon les informations en provenance de Bujumbura, d'une liste qui aurait été établie par la Documentation nationale et qui rencenserait les personnes impliquées dans deux complots présumés contre le gouvernement. Sur cette liste apparaîtraient cinq journalistes travaillant pour trois radios indépendantes, identifiés par leurs prénoms : Alexis, Serge, Bob, Gabriel et Etienne. L'organisation dénonce également les intimidations verbales répétées, provenant d'interlocuteurs anonymes ou d'officiels, dont seraient victimes, selon leurs témoignages, les journalistes enquêtant sur les tentatives de coups d'Etat. Lors d'une conférence de presse, tenue le 10 août 2006, le procureur général de la République a accusé les journalistes de “perturber l'ordre et la sécurité sur ce dossier”. Selon lui, si les journalistes continuaient d'enquêter sur le sujet, “cela pourra être fatal pour eux”. “On doit utiliser la force dans la limite de la loi”, avait préalablement déclaré Karenga Ramadhani, fin juin, sur les ondes de la Radio publique africaine. Le ministre de la Communication et de l'Information se disait “déterminé” à mettre au pas la presse se livrant à ce qu'il appelait du “libertinage“. Reporters sans frontières mentionne un autre épisode qui a particulièrement contribué à envenimer les relations entre la presse et les autorités. Le 17 avril, plus d'une vingtaine de journalistes avaient été séquestrés par la police, pendant plus de sept heures, au domicile de Mathias Basabose. Les journalistes s'y étaient rendus pour assister à la conférence de presse organisée par cet homme politique après qu'il a été exclu du parti présidentiel. Enfin, l'organisation rappelle la situation du correspondant à Kayanza de l'Agence burundaise de presse, Aloys Kabura, détenu depuis le 31 mai à la prison centrale de Ngozi, pour avoir critiqué, dans un bar de la ville, l'attitude du gouvernement dans cette affaire. On attend l'issue de son procès, en délibéré depuis le 28 juillet.
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Updated on 20.01.2016