Reporters sans frontières préoccupée suite à l'enlèvement d'un journaliste

Reporters sans frontières a exprimé sa vive préoccupation suite à l'enlèvement dont a été victime, mercredi 27 août, Peterson Milord, journaliste de Radio Vision 2000 et de Radio Passion à Léogane. Le journaliste a été retrouvé nu et ligoté, le 29 août au matin, dans un champ de canne, en bordure de la rivière Rouyonne à 30 kilomètres de Port-au-Prince. Il n'aurait pas été maltraité. Dans une lettre adressée au président Jean-Bertrand Aristide, Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, a demandé qu'une enquête approfondie soit immédiatement ouverte afin que les circonstances de la disparition du journaliste soient éclaircies. "Il existe en Haïti un climat d'impunité généralisée. Alors que les morts de Jean Dominique et de Brignol Lindor restent toujours impunies, nos craintes de voir de nouveaux journalistes victimes de violences se confirment une nouvelle fois", a-t-il ajouté. L'organisation a rappelé que, malgré les promesses faites par le président Aristide le 17 décembre 2001, aucune mesure n'a été adoptée à ce jour pour protéger les journalistes menacés. Le 27 août, Peterson Milord, des radios privées Vision 2000 et Radio Passion, a disparu de Léogane (sud-ouest de Port-au Prince) alors qu'une jeep inconnue avait été remarquée aux alentours de son domicile. Le journaliste avait été vu une fois au cours de la journée par des proches, mais n'était pas rentré chez lui le soir. Sa famille était, depuis ce jour, sans nouvelles. Le samedi 23 août, alors qu'il couvrait une messe qui se déroulait en présence du président Jean-Bertrand Aristide, à Sainte Rose de Lima (Léogane), Peterson Milord avait été brutalement expulsé de l'église sur ordre du prêtre Fritz Sauvaget avec l'aide, notamment, du service de sécurité du Président. Le prêtre a par la suite motivé son expulsion en accusant le journaliste d'avoir diffusé de fausses informations le concernant. Cette explication a été démentie par le directeur de Radio Vision 2000, Léopold Béranger. Selon Marius Emmanuel, directeur de Radio Passion, des tirs auraient été échangés devant le bâtiment de la radio le 26 août au soir, la veille de la disparition du journaliste. L'organisation rappelle qu'au cours des trois dernières années, près de trente journalistes haïtiens ont été obligés de quitter leur pays suite à des menaces émanant des partisans du président Aristide, et deux journalistes ont été tués. En raison de la grave situation en Haïti, le président Jean-Bertrand Aristide est considéré par Reporters sans Frontières comme l'un des prédateurs de la liberté de la presse dans le monde.
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Updated on 20.01.2016