RSF dénonce l’attaque de gang qui a tué deux journalistes et blessé sept autres en Haïti
Alors qu’ils couvraient la cérémonie de réouverture d’un hôpital à Port-au-Prince, les journalistes Markenzy Nathoux et Jimmy Jean ont été tués, et sept de leurs confrères ont été blessés dans une attaque de gang, ce 24 décembre 2024. Face à ce drame et au contexte de crise sécuritaire persistante que connaît Haïti, Reporters sans frontières (RSF) réitère l’urgence d’une action du Conseil présidentiel de transition et du soutien international pour protéger les professionnels des médias et le droit à l’information.
Deux journalistes tués et sept autres blessés, c’est le lourd bilan pour les professionnels des médias de l’attaque qui s’est déroulée à l’entrée de l’hôpital de l’université d’État d’Haïti (HUEH), en plein centre de la capitale Port-au-Prince, en fin de matinée ce 24 décembre. Depuis des bâtiments voisins, des membres de gangs ont ouvert le feu, avec des armes automatiques, sur les journalistes, les membres du personnel médical et les officiels qui attendaient l’arrivée d’un convoi pour la cérémonie officielle de réouverture de l’hôpital. Markenzy Nathoux et Jimmy Jean ont été tués et Petyon Robens, Réginald Baltazar, Miracle Velondie, Florise Deronvil, Jean-Jack Aspèges, Jocelyn Justin et Rosemond Vernet ont été blessés dans cette attaque, qui a également coûté la vie à un policier. Les images diffusées sur les réseaux sociaux montrent des policiers tentant d’évacuer les corps des victimes sous les tirs nourris des gangs.
Le 25 décembre, le gouvernement s’est engagé à offrir un soutien matériel et psychologique aux victimes et à leurs proches, ainsi qu’à traduire les responsables de l’attaque en justice.
Deux journalistes ont été tués et sept autres ont été blessés pour avoir voulu informer sur la réouverture d’un hôpital. Cette tragédie insupportable vient cruellement rappeler les dangers extrêmes auxquels les professionnels des médias sont confrontés en Haïti. Si les engagements du gouvernement du 25 décembre sont à saluer, nous attendons rapidement des actes en ce sens, mais aussi pour mettre fin à la grave insécurité qui menace les journalistes et le droit à l’information. RSF, réitère l’urgence d’un soutien international pour protéger les professionnels de l’information et exhorte le Conseil présidentiel de transition à inclure la sécurité des journalistes comme une priorité dans les discussions de sortie de crise.
Le journalisme en Haïti est confronté à une crise sans précédent, marquée par une insécurité extrême qui s'intensifie depuis 2022, année où au moins six journalistes ont été tués en raison de leur travail. Le pays est plongé dans une profonde instabilité politique et sociale, marquée par la démission du président Ariel Henry en mars 2024, et exacerbée par le contrôle grandissant des gangs armés sur Port-au-Prince et d'autres régions. La dégradation de la situation sécuritaire affecte directement les journalistes, qui vivent dans une peur constante d'être agressés, kidnappés ou assassinés. Des violences perpétrées en toute impunité, dans un contexte où l'état de droit est quasiment inexistant, et face auxquelles RSF et plus de 90 journalistes haïtiens avaient lancé un appel à la communauté internationale et au conseil présidentiel de transition pour la protection du droit à l’information, en avril 2024.
Malgré le déploiement en août 2024 d’une mission multinationale de soutien à la police haïtienne, dirigée par le Kenya avec le soutien des Nations unies, cette intervention n’a pas réussi à freiner l’emprise croissante des gangs, qui continuent de semer la violence et de déstabiliser les infrastructures essentielles du pays.