Haïti : RSF condamne l’incendie criminel contre Radio Télévision Caraïbes et appelle à des mesures urgentes pour protéger la presse

Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement l’attaque incendiaire contre les locaux historiques de Radio Télévision Caraïbes (RTVC) à Port-au-Prince dans la nuit du 12 au 13 mars 2025. Cette nouvelle agression contre la presse haïtienne témoigne de l’insécurité croissante qui pèse sur les journalistes et les médias dans un pays où les gangs armés étendent leur emprise et s’attaquent aux organes de presse indépendants.
Selon les informations disponibles, l’incendie a été déclenché volontairement par des individus armés dans le bâtiment de la rue Chavannes, qui avait accueilli RTVC pendant 76 ans. Si la station avait déjà relocalisé ses activités à Pétion-Ville il y a plus d’un an pour des raisons de sécurité, cette attaque constitue un coup symbolique dévastateur à l’encontre de l’un des médias les plus influents du pays.
“Cet incendie criminel contre RTVC est une tentative supplémentaire de museler la presse haïtienne par la terreur et la destruction. Depuis plusieurs années, les journalistes et les médias en Haïti sont la cible de violences, de menaces et d’exil forcé à cause des gangs armés. Les autorités doivent agir immédiatement pour garantir la sécurité des journalistes, enquêter sur cette attaque et sanctionner les responsables. L’impunité persistante alimente le risque croissant d’un black-out médiatique sur certaines zones du pays devenues de plus en plus inaccessibles, privant la population de son droit à l’information.
Cette attaque contre RTVC s’inscrit dans une tendance alarmante de violences contre la presse haïtienne. En avril 2024, les locaux du quotidien Le Nouvelliste, le plus ancien journal du pays, avaient été vandalisés et pillés par des individus armés.
En avril dernier, RSF et plus de 90 professionnels de l’information haïtiens, ont lancé un appel international pour la protection du journalisme en Haïti, pris en étau entre une vague de violence d’ampleur et une crise sociale, économique et politique qui s’est intensifiée depuis décembre 2023. Six professionnels de l’information ont été tués depuis 2022 en raison de leur activité professionnelle en Haïti.