Reporters sans frontières encourage le Honduras à augmenter ses efforts dans la lutte contre l’impunité

Les assassins du journaliste Alfredo Villatoro, enlevé et tué en mai 2012, ont été condamnés à la prison à perpétuité le 11 juin 2014. Si ce verdict est un pas en avant dans la lutte contre l’impunité, Reporters sans frontières exhorte les autorités à mettre en place des mesures effectives de protection des journalistes. Reporters sans frontières salue la décision de la Cour suprême de justice hondurienne. Cette dernière a condamné à perpétuité, le 11 juin 2014, les assassins du journaliste Alfredo Villatoro, tué en mai 2012. Le présentateur avait disparu le 9 mai 2012, et son corps retrouvé huit jours plus tard. Marvin Alfonso Gomez, Osman Fernando Osorio Argujo et son frère Edgar Osorio Argujo avaient été reconnus coupables de la séquestration aggravée de Alfredo Villatoro le 24 mars 2014. Autre nouvelle encourageante pour la liberté de l’information dans le pays, l’Assemblée a approuvé, le 4 juin 2014, un projet de loi de protection des journalistes au cours d’un premier débat. Ce texte qui n’a pas encore été rendu public, prévoit la création d’un mécanisme de protection des défenseurs des droits de l’homme, fonctionnaires de justice, journalistes et “communicateurs sociaux” (médias communautaires, blogueurs, net-citoyens). “Nous accueillons avec satisfaction la condamnation des assassins de Alfredo Villatoro, et espérons que le projet de loi pourra éviter que de tels crimes ne se reproduisent, déclare Camille Soulier, responsable du bureau Amériques de Reporters sans frontières. Nous encourageons d’ailleurs l’Etat hondurien à ouvrir au maximum ce projet à la discussion avec la société civile, notamment les organisations de défense des droits de l’homme.” Le mécanisme de protection comportera deux volets, l’un préventif et l’autre concernant la protection pour les personnes en danger. Les mesures de protection comprennent un suivi par communication téléphonique ou par satellite, l’installation de caméras, le prêt de gilets pare-balles et l’affectation d’une garde rapprochée pour garantir la sécurité physique et morale des personnes visées. Ces mesures ont été longtemps attendues au Honduras qui affiche un taux d’homicide parmi les plus élevés du monde. Les journalistes souffrent eux aussi de cette violence. Alex Sabillón, présentateur de l’émission Hechos de Choloma diffusée sur la chaîne Multicanal, qui rapporte régulièrement les cas d’assassinats dans la région, a fait l’objet de menaces de mort de la part de Miguel Callejas, le conseiller à la mairie de Choloma, le 16 juin 2014. Ce dernier lui a signifié que sa garde rapprochée de policiers ne l’impressionnait pas : “Je me fous que tu sois avec des agents, fils de pute, on va te tuer”. Le conseiller avait déjà menacé et insulté le journaliste par le passé. Le 23 mai 2014, des individus inconnus se rendaient à son domicile pour le photographier. Nous espérons que les dispositifs de la loi pourront lui assurer une réelle protection et sanctionner de telles menaces. Reporters sans frontières espère aussi que tous les acteurs de l’information seront pris en compte dans la loi, y compris ceux opérant pour des médias communautaires. Ceux-ci font l’objet de nombreuses attaques notamment lorsqu’ils défendent les droits des Indigènes et les mouvements de récupération des terres. Le 30 mai 2014, l’antenne de la radio communautaire Puca Opalaca diffusée dans la région de Intibucá, dans l’Est du pays, a été endommagée. Cette radio dépend du Conseil civique des organisations populaires et indigènes du Honduras (COPINH). La radio communautaire Voz de Zacate Grande, porte-parole du Mouvement de récupération des terres de Zacate Grande, a, elle, été fermée de force par 300 agents de la police militaire le 3 juin 2010. Elle était accusée d’occuper illégalement une zone propriété de l’entrepreneur Miguel Facussé Barjum, dont elle a souvent dénoncé les abus. Miguel Facussé Barjum est l’un des prédateurs de la liberté de la presse de Reporters sans frontières. Le Honduras est 129e sur 180 pays dans l’édition 2014 du Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016