Reporters sans frontières en appelle au ministre espagnol des Affaires étrangères, à la veille de sa visite officielle dans l'île
Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Ángel Moratinos Cuyaubé, est attendu à Cuba pour une visite officielle, les 2 et 3 avril prochains. Reporters sans frontières lui demande, dans une lettre ouverte, d'intercéder auprès du gouvernement de La Havane en faveur des 25 journalistes emprisonnés.
Monsieur Miguel Ángel Moratinos Cuyaubé
Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération
Madrid, Espagne
Monsieur le Ministre, Vous êtes sur le point d'effectuer une visite officielle à Cuba, les 2 et 3 avril prochains, à l'invitation de votre homologue cubain, M. Felipe Pérez Roque. Reporters sans frontières, organisation de défense de la liberté de la presse, souhaite que cet événement contribue à l'évolution de la situation des droits de l'homme dans l'île. C'est en effet la première fois qu'un ministre des Affaires étrangères d'un pays membre de l'Union européenne (UE) se rend à Cuba, depuis que les institutions de Bruxelles ont sanctionné politiquement l'île, suite au “printemps noir” de mars 2003. Ces sanctions ont finalement été levées, en 2005, à la demande de votre gouvernement, au nom du dialogue avec les autorités cubaines. Elles feront à nouveau l'objet d'un débat entre les États membres en juin prochain. Quatre ans après cette vague de répression sans précédent contre la dissidence cubaine, et malgré la récente transition à la tête de l'État, l'île compte toujours 270 prisonniers politiques dont 25 collaborateurs de petites agences de presse indépendantes condamnés pour certains - comme notre correspondant Ricardo González Alfonso - à des peines comprises entre 14 et 27 ans de prison. Cuba est, à ce titre, la deuxième prison du monde pour les journalistes après la Chine et le seul pays du continent américain où la liberté d'expression et d'information est inexistante. Cuba, membre du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, s'était pourtant engagée à “faire respecter” et à “promouvoir” les libertés fondamentales en prenant la présidence tournante du Mouvement des non-alignés en septembre 2006. Le dialogue avec le gouvernement de La Havane, sourd aux appels de la communauté internationale, n'empêche en rien la fermeté à son égard. Vous êtes le représentant d'un des seuls gouvernements susceptibles de rappeler les autorités cubaines à leurs devoirs d'humanité et de justice. Les dissidents emprisonnés doivent être libérés. En vous remerciant de l'attention que vous porterez à notre demande, je vous prie d'agréer, Monsieur le Ministre, l'expression de ma haute considération. Robert Ménard
Secrétaire général