Reporters sans frontières demande la révision du procès du cyberdissident Yang Zili
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De nouveaux témoignages prouvent que le dossier d'accusation de Yang Zili, emprisonné depuis 2001, a été falsifié par les services de sécurité. La femme du cyberdissient, Lu Kun, a demandé que son mari soit rejugé sur la base de ces nouveaux éléments, mais la Cour intermédiaire de Pékin a rejeté sa demande. Elle a effectué la même démarche auprès de la Cour suprême, dont elle attend toujours la décision.
Reporters sans frontières s'associe à la demande de révision du procès déposée par Lu Kun. "Ces nouveaux témoignages démontrent que les services de sécurité ont fabriqué les preuves de la culpabilité de Yang Zili. Les manipulations qui y sont décrites sont inacceptables. Nous attendons de la Cour suprême chinoise qu'elle joue son rôle et répare les erreurs commises par les autres juridictions", a déclaré l'organisation.
Le premier témoignage est celui d'un ancien agent du Bureau de la sécurité d'Etat, Li Yuzhou, qui avait enquêté secrètement, à partir de mai 2000, sur Yang Zili et ses camarades, suspectés de "vouloir engager des réformes sociales en Chine". En infiltrant ce groupe d'élèves de l'Ecole normale de Pékin, Li Yuzhou devait faire état dans son rapport des véritables intentions des membres de l'association.
Dans le témoignage recueilli par Lu Kun, Li Yuzhou met directement en cause les dirigeants et les agents du Bureau de la Sécurité d'Etat, les accusant d'avoir falsifié les quatre rapports qu'il leur avait remis pour justifier l'arrestation de Yang Zili et de trois de ses camarades, Xu Wei, Jin Haike et Zang Honghai.
L'ancien agent explique comment il a manipulé les jeunes militants démocrates sur ordre de ses supérieurs : "Une fois intégré au groupe, je devais réunir les membres du groupe et les faire parler, surtout sur leurs prises de position les plus radicales, pendant que dans l'autre pièce, des agents enregistraient nos conversations », a-t-il déclaré.
Li Yuzhou affirme qu'il s'était lié d'amitié avec les membres de cette organisation étudiante qui, selon lui, "n'avait rien d'illégal et ne représentait aucun danger pour le pays. Ces jeunes se réunissaient uniquement pour discuter et exprimer leurs opinions".
Des témoignages de deux anciens élèves de l'Ecole normale de Pékin et membres du groupe de discussion de Yang Zili (la "Société de la jeunesse nouvelle"), He Zhongzhou et Zhang Yanhua, viennent corroborer les déclarations de Li Yuzhou. "Nous étions simplement des amis qui nous réunissions pour converser, souvent des problèmes sociaux, certes, mais nous n'avons jamais remis en cause l'idéologie communiste." He Zhongzhou a également dénoncé la partialité des juges durant le procès, en 2003 : "Mon témoignage n'a pas été pris en compte. Ils ont préféré utiliser comme preuves les fausses déclarations de personnes qui étaient de connivence avec la police."
Yang Zili, informaticien et fondateur du site www.lib.126.com, a été arrêté le 20 avril 2001. Il est l'auteur de nombreux articles publiés sur son site dans lequel il se prononçait en faveur du libéralisme politique. Il y critiquait également la répression contre le mouvement spirituel Falungong et dénonçait les difficultés économiques des paysans chinois. Il publiait par ailleurs sur son site des articles d'autres membres de la Société de la jeunesse nouvelle, qui se réunissait une fois par semaine pour débattre de réforme politique. Inculpé de “subversion du pouvoir de l'Etat”, il a été condamné, le 28 mai 2003, à huit ans de prison par la Cour intermédiaire de Pékin, une peine confirmée en appel le 10 novembre 2003.
Les autres membres de son groupe de démocrates ont tous écopé de peines très lourdes. Le journaliste Xu Wei et le géologue Jin Haike ont été condamnés à dix ans de prison, l'écrivain Zhang Honghai à huit ans.
Il y a plus de 15 ans, Reporters sans frontières mettait en place le " parrainage " et appelait les médias internationaux à soutenir un journaliste emprisonné. Plus de 200 rédactions dans le monde soutiennent ainsi un confrère en demandant régulièrement sa libération aux autorités concernées et en médiatisant sa situation pour que son cas ne tombe pas dans l'oubli. Yang Zili est parrainé par Marielle de Sarnez, Députée européenne, Maud Gatel, UDF, Métro (France), RTL (France), Fun Radio (Belgique), Le Devoir (Canada), “Le Grand Journal” (TQS TV Canada), The Daily Courier, The Telegram et Radio Canada International.
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Publié le
Updated on
20.01.2016