Reporters sans frontières demande au gouvernement de renforcer les moyens de la police dans l'enquête sur le meurtre du journaliste Bonifacio Gregorio

Bonifacio Gregorio, éditorialiste de Dyaryo Banat, a été assassiné, le 8 juillet 2003, de trois balles dans la tête. La police a constitué un groupe d'enquêteurs pour résoudre cette affaire, mais aucun suspect n'a encore été arrêté. Reporters sans frontières a demandé à José D. Lina, ministre de l'Intérieur et du Gouvernement local, de donner plus de moyens aux services de police pour identifier les auteurs du brutal assassinat de Bonifacio Gregorio. L'organisation de défense de la liberté de la presse demande instamment aux autorités de Manille que la lumière soit faite sur cette affaire et que les auteurs et les éventuels instigateurs de ce meurtre soient poursuivis et condamnés en justice. Par ailleurs, Reporters sans frontières déplore les entraves et les pressions qui entourent les enquêtes sur les assassinats des journalistes Edgar Damalerio et Apolinario "Polly" Pobeda. Le 8 juillet 2003, un inconnu a abattu trois balles tirées à bout portant dans la tête Bonifacio Gregorio, éditorialiste et journaliste de l'hebdomadaire local Dyaryo Banat (Journal attaque), devant son domicile de Caramutan (province de Tarlac, à 150 kilomètres au nord de Manille). Le tueur a réussi à prendre la fuite. Le journaliste, âgé de 55 ans, est mort à l'hôpital général de Ramos. Ancien responsable du village de Caramutan, Bonifacio Gregorio travaillait à la rédaction de Dyaryo Bana depuis 1997. Il publiait régulièrement des articles très critiques à l'encontre du maire de La Paz, Dioisio Manuel. Il l'avait récemment accusé d'avoir transformé illégalement une rizière en un cimetière qui était inauguré le jour du meurtre. Sa veuve, Gertrudes, a déclaré qu'elle avait demandé à son mari de cesser d'enquêter sur des affaires qui mettaient en colère les autorités locales. Dioisio Manuel a nié à la presse toute implication dans cet assassinat. L'Association des médias de Tarlac, dont Bonifacio Gregorio était membre, a affirmé que la mort de leur collègue est "un message terrifiant" à l'attention de la profession. Le journaliste Abel Pablo, qui était au téléphone avec Bonifacio Gregorio lorsque ce dernier a été tué, a défié les autorités locales de faire toute la lumière sur cette affaire. Le directeur de la police de Tarlac a créé la Task For Gregorio qui doit travailler en collaboration avec les enquêteurs de la Brigade criminelle (Criminal Investigation). Un officier a déclaré peu de temps après le meurtre qu'il s'agissait de l'œuvre d'un tueur à gages. Le responsable de la Task Force Gregorio a suspendu Rodrigo de Guzman, chef de la police de La Paz, connu pour son hostilité à l'encontre du journaliste. Le 22 juillet, la police a annoncé qu'elle était sur les traces de deux groupes de tueurs, mais a refusé de donner les noms des suspects. L'officier a par ailleurs déclaré qu'aucune piste n'était négligée, notamment un règlement de compte lié aux relations extra-matrimoniales du journaliste. Deux de ses anciennes maîtresses auraient déjà été interrogées. Dans l'affaire Apolinario "Polly" Pobeda, commentateur radio abattu le 17 mai 2003, près de Lucena (sud-est de Manille), deux témoins ont annoncé, le 18 juin, à la police qu'ils refusaient de témoigner suite à des pressions sur leur famille. Trois suspects ont déjà été arrêtés. Ils sont tous liés à la famille Talaga dont l'un des membres est le maire de Lucena. Dans l'affaire Edgar Damalerio, journaliste assassiné le 13 mai 2002 à Pagadian City (île de Mindanao), les témoins, notamment Edgar Amoro, et la famille du journaliste ont reçu de nouvelles menaces de mort de la part du principal suspect. En effet, Guillermo Wapile, un ancien policier, est toujours libre après s'être échappé d'un camp de la police. Il aurait modifié les traits de son visage pour éviter d'être arrêté.
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Updated on 20.01.2016