#FreeFrenchieMaeCumpio : RSF et une coalition internationale demandent la libération de la journaliste philippine dont le procès entre dans une phase cruciale

Une coalition d’organisations internationales et locales de défense de la liberté de la presse, dont Reporters sans frontières (RSF), a appelé le président philippin Ferdinand Marcos Jr. à libérer immédiatement la journaliste d’investigation Frenchie Mae Cumpio, détenue en détention provisoire depuis plus de cinq ans.

Le 24 mars 2025, la coalition composée de RSF, de la Union nationale desjournalistes des Philippines, d’AlterMidya, du Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et de Free Press Unlimited (FPU), a publié un communiqué commun, appelant à la libération immédiate et sans condition de la journaliste d’investigation. Dans son procès en cours, Frenchie Mae Cumpio comparaissait ce même jour pour la troisième fois devant le tribunal régional de Tacloban afin de témoigner en défense face aux accusations de “financement du terrorisme” et de “possession illégale d’armes à feu”, des charges qui pourraient lui valoir une peine de 40 ans de prison.

Âgée de 26 ans, la journaliste est détenue depuis son arrestation en février 2020, en même temps que quatre défenseurs des droits humains. Directrice du site d’information Eastern Vista, elle couvrait régulièrement les abus commis par la police et l’armée ainsi que les questions sociales locales. Elle animait également une émission sur la station Aksyon Radyo-Tacloban DYVL, où elle dénonçait les violences perpétrées par les forces de sécurité dans la région des Visayas orientales.

"Frenchie Mae Cumpio est une journaliste talentueuse qui, par son courage inébranlable, incarne l’avenir du journalisme d’investigation philippin. Sa détention prolongée, fondée sur des accusations fallacieuses, n’a d’autre but que d’intimider la communauté des journalistes philippins d’enquêter sur des sujets d’intérêt public. Nous appelons le président philippin Ferdinand Marcos Jr. et le ministre de la Justice à mettre fin à ces procédures scandaleuses.

Aleksandra Bielakowska
Responsable du plaidoyer, Bureau Asie-Pacifique de RSF

RSF et la coalition suivent de près le procès de Frenchie Mae Cumpio. depuis son ouverture en novembre 2024, soit près de cinq ans après son arrestation. Lors des audiences, la journaliste et son équipe de défense ont dénoncé de graves violations de ses droits fondamentaux lors de la perquisition qui a conduit à son arrestation, ainsi que des incohérences dans les témoignages à charge. Les circonstances de son interpellation suscitent de profondes inquiétudes : l’armée affirme avoir découvert une arme à feu et une grenade à son domicile, mais le déroulé de l’arrestation indique que ces preuves ont été fabriquées de toutes pièces pour l’incriminer.

Son cas illustre tristement le “red-tagging” aux Philippines, une pratique de l’armée et du gouvernement qui consiste à qualifier de “subversifs” voire de “terroristes” les journalistes qui enquêtent sur des sujets sensibles pour leurs intérêts. En janvier 2025, un autre journaliste, Deo Montesclaros, reporter multimédia pour l’hebdomadaire Pinoy Weekly, a lui aussi été injustement inculpé pour des accusations de “financement du terrorisme”.

Avec 147 cas de journalistes tués dans l’exercice de leurs fonctions recensés par RSF depuis la restauration de la démocratie en 1986, les Philippines sont l'un des pays les plus dangereux pour les journalistes et les défenseurs de la liberté de la presse. L’archipel se classe au 134e rang sur 180 pays et territoires dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2024.

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