Reporters sans frontières demande au gouvernement de ne pas adopter les décrets sur les radios et les télévisions
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Reporters sans frontières est très préoccupée par la volonté du ministre de l'Information et de la Communication, Sofyan Djalil, d' adopter, le 6 février 2006, une série de décrets qui interdiraient aux radios et aux télévisions indonésiennes de diffuser des programmes de médias étrangers. Ces modifications législatives donneraient, par ailleurs, le pouvoir au gouvernement de délivrer les licences de diffusion aux radios et télévisions.
« Ces décrets marquent un recul manifeste de la liberté de la presse en Indonésie. Rien ne saurait justifier que l'on prive des millions d'Indonésiens de programmes dont la qualité est rarement contestée. Dans une région où la liberté de la presse est trop souvent malmenée, le gouvernement de Jakarta devrait la protéger au lieu de l'entraver, a déclaré Reporters sans frontières. Nous appelons solennellement le gouvernement à ne pas adopter ces décrets en l'état. »
Le 30 janvier 2006, le ministre de l'Information a annoncé aux parlementaires que les décrets allaient être mis en application à partir du 6 février prochain. « Cette régulation va permettre d'éviter l'anarchie dans l'industrie de la radiodiffusion », a-t-il déclaré. La semaine précédente, il avait annoncé que les programmes des médias étrangers pourront être diffusés à condition qu'ils soient édités au préalable. Des sources officielles contradictoires ont successivement déclaré que tous les programmes étrangers seront interdits, puis que les programmes pourront être diffusés, mais jamais en direct.
« Les médias vont devenir les porte voix du gouvernement », a déclaré un membre de la Commission de radiodiffusion indonésienne (KPI) qui voit dans cette initiative une volonté de retour aux méthodes dictatoriales de l'ère Suharto. Il s'inquiète également de ces décrets parce qu'ils privent la KPI du pouvoir de délivrer les licences, rôle qui lui était jusqu'à présent assigné par la loi sur la radiodiffusion, adoptée en 2002. La KPI menace de porter cette affaire devant la Cour Suprême.
« La régularisation proposée constitue une violation de la loi de 2002 qui impose des quotas sur diffusion de programmes de médias étrangers et non leur interdiction totale », a déclaré Sinansari Ecip, vice-président de la KPI.
Ces décrets visent tout particulièrement les programmes radio en indonésien de la BBC World Service, diffusés par environ 80 radios FM, et les émissions de télévision de Voice of America, reprises par plusieurs chaînes indonésiennes.
L'interdiction totale de la rediffusion des programmes étrangers pourrait porter un coup fatal à certains médias étrangers, notamment le service en indonésien de la BBC qui emploie une quarantaine de personnes. Depuis la chute de Suharto en 1998, les programmes de la BBC peuvent être écoutés par les auditeurs indonésiens, évalués aujourd'hui à plus 8 millions.
Des radios et télévisions indonésiennes rediffusent des programmes de Radio Australia, Deutsche Welle et Radio Hilversum (Pays-Bas).
Publié le
Updated on
20.01.2016