Reporters sans frontières demande à un juge de respecter le secret des sources

Le 18 décembre, les deux reporters du New York Times, James Risen et Jeff Gerth, ont refusé de livrer leurs sources lors de leur comparution devant la cour. Ils se sont ainsi opposés à l'ordre qui avait été donné par le juge fédéral Thomas Penfield Jackson, le 14 octobre dernier. Les deux journalistes ont invoqué le premier amendement de la Constitution, qui protège la liberté de la presse, pour ne pas répondre à certaines des questions qui leur étaient posées. Les trois autres journalistes mis en cause par Wen Ho Lee devraient déposer à leur tour au début du mois de janvier 2004. ---------------------------------------------------- Communiqué du 14.05.2003 Reporters sans frontières s'inquiète de l'ordre émis par un juge fédéral obligeant cinq journalistes à révéler leurs sources. "Le secret des sources constitue la pierre angulaire de la liberté de la presse", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. "Contraindre les journalistes à identifier leurs sources, c'est remettre en cause un fondement du journalisme d'investigation, essentiel à la démocratie", a expliqué l'organisation dans une lettre adressée au juge Thomas Penfield Jackson, auteur de l'ordre donné aux cinq journalistes. Reporters sans frontières a appelé le juge à revenir sur sa décision. Le 14 octobre 2003, le juge Thomas Penfield Jackson, de la Cour fédérale de Washington, a ordonné que les journalistes ayant enquêté sur l'affaire Wen Ho Lee (un scientifique accusé d'espionnage) dévoilent leurs sources à l'avocat de ce dernier. Les journalistes concernés par cette mesure sont Jeff Gerth et James Risen, du quotidien New York Times, Robert Drogin, du quotidien Los Angeles Times, H. Josef Hebert, de l'agence Associated Press, et Pierre Thomas, qui travaillait pour la chaîne CNN au moment des faits. Selon les attendus du jugement, le magistrat considère que Wen Ho Lee a le droit de savoir qui, au sein de son administration, a été à l'origine des fuites ayant conduit à sa mise en cause dans les médias. Selon le juge, "il serait futile d'affirmer que le premier amendement donne le droit au journaliste ou à sa source de violer les lois criminelles afin de protéger l'information". L'affaire Wen Ho Lee remonte à 1999, lorsque le scientifique, qui travaillait pour le laboratoire national de Los Alamos au Nouveau Mexique en tant que spécialiste du nucléaire, avait été soupçonné d'espionnage pour le compte de la Chine. Il avait fait l'objet d'un jugement en 1999 avant d'être innocenté et libéré, après avoir passé neuf mois en prison. Le scientifique réclame aujourd'hui des dommages et intérêts au ministère de la Justice et au ministère de l'Energie dont il accuse les membres d'avoir divulgué des informations confidentielles le concernant. Les journalistes impliqués dans cette affaire sont passibles d'emprisonnement pour "outrage à la Cour" s'ils refusent de se plier à la décision du juge fédéral. Le New York Times et Associated Press envisagent de faire appel, tandis que les autres médias ont déclaré "étudier la décision du juge".
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Updated on 20.01.2016