Reporters sans frontières appelle à la mobilisation contre le retour à la censure

Suite à l'annonce, le 31 mai 2007, de la mise en place de nouvelles restrictions à la liberté d'informer, notamment l'interdiction faite aux chaînes de télévision de diffuser en direct des images d'événements se déroulant en extérieur, Reporters sans frontières se joint à l'appel de l'Union fédérale des journalistes pakistanais contre ce retour à la censure. "Cette décision arbitraire est une nouvelle étape dans le retour en arrière vers les temps sinistres de la censure étatique. La mobilisation des journalistes pakistanais, soutenus par l'opinion publique et la communauté internationale, doit permettre de faire reculer le gouvernement. Nous avons été les premiers à saluer la création de chaînes de télévision privées. Mais ce n'est pas en les muselant que le président Pervez Musharraf réglera la crise politique actuelle", a affirmé l'organisation. Le ministre de l'Information, Mohammad Ali Durrani, a annoncé le 31 mai lors d'une conférence à Islamabad que le gouvernement fédéral avait décidé d'imposer de nouvelles limitations à la presse. Il a mis en garde les médias de ne pas dépasser les "limites légales". Le ministre a annoncé que l'organe de régulation PEMRA sera chargé de sanctionner les chaînes qui ne respecteraient pas l'interdiction de transmettre en direct des images d'événements se déroulant à l'extérieur, sans autorisation préalable. Le ministre, visiblement très irrité par l'écho médiatique de propos tenus lors d'un séminaire auquel participait le président déchu de la Cour suprême, a affirmé aux journalistes : "Les forces armées du Pakistan ont connu le martyre chaque fois que le pays était menacé. (...) Nous ne pouvons donc pas laisser les défenseurs de nos frontières être rabaissés et diffamés." Au même moment, une branche des services secrets militaires, ISPR, a diffusé un communiqué aux médias confirmant l'imposition de ces restrictions. Dans la foulée, les chaînes privées Aaj TV et ARY Digital ont été retirées des bouquets par les opérateurs du câble et du satellite à Islamabad et Rawalpindi. Un responsable de ARY Digital a expliqué à Reporters sans frontières que le gouvernement affirmait ne pas être au courant. "Et quand nous appelons les opérateurs de câble, ils nous disent que c'est le gouvernement qui le leur a demandé", a ajouté Mohsin Raza. Un représentant de l'Union fédérale des journalistes pakistanais a déclaré à Reporters sans frontières que son syndicat allait appeler à une journée de grève générale. Depuis le 9 mars dernier, date du renvoi du président de la Cour suprême, le régime du général Pervez Musharraf doit faire face à un mouvement d'opposition sans précédent. Les médias privés relaient très largement les manifestations, notamment celles d'avocats.
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Updated on 20.01.2016