Récits de deux journalistes récemment libérés

Reporters sans frontières est soulagée de la libération sous caution, le 3 décembre 2009, du journaliste Laxman Choudhury, après plus d'un mois de détention dans l'Etat d'Orissa (Est). Emprisonné depuis le 20 septembre 2009, ce journaliste du quotidien Sambad a été libéré sur ordre de la Haute Cour de l'Orissa. Il est, cependant, toujours poursuivi pour "sédition". Arrêté en possession de tracts maoïstes par la police locale, il avait été emprisonné dans le district de Gajapati. A sa sortie de prison, le journaliste a remercié tous les confrères qui se sont mobilisés pour obtenir sa libération. Le 6 novembre, Reporters sans frontières avait adressé une lettre au gouverneur de l'Etat d'Orissa lui demandant la libération de Laxman Choudhury. L'organisation a également fourni une assistance à sa famille. Plus d'informations : http://www.rsf.org/Un-journaliste-accuse-de-sedition.html Par ailleurs, Reporters sans frontières a recueilli le témoignage de A.S. Mani, rédacteur en chef du magazine tamoul Naveena Netrikkan. Il a passé un mois en détention à la prison centrale de Chennai suite à une plainte en diffamation. Libéré le 27 novembre, il a répondu aux questions de l'organisation. RSF: Quelles étaient vos conditions de détention? A.S. Mani : J'ai été arrêté par la police de Madurai, alors que je me trouvais chez moi. Puis sur la route, j'ai été frappé. J'ai également été forcé de mettre ma signature sur deux papiers blancs. Quand j'ai refusé, j'ai été battu et menacé. Par conséquent, j'ai été obligé de signer. Sans avoir été traduit devant la cour de Madurai, j'ai dû rester dans le bâtiment des forces armées pendant des heures. Par la suite, quand j'ai été présenté devant un magistrat, je lui ai demandé de me placer en détention à la prison de Chennai et non pas à celle de Madurai, de peur d'être harcelé. Suite à ma demande, il m'a envoyé à Chennai. Après ces événements, j'étais en sécurité à la prison de Chennai, sans problème particulier. RSF: Comment expliquez-vous qu'il ait fallu si longtemps pour que les autorités vous libèrent? A.S. M. : C'est dû aux pressions politiques qui ont été exercées. Ma demande de liberté sous caution a été régulièrement rejetée pour des motifs injustifiés. Mais après des efforts continus et le soutien des médias, ils ont été contraints de me libérer sous caution. RSF: Qu'est-ce que cette affaire représente pour la liberté de la presse en Inde ? A.S. M. : Bonne question ... Le quatrième pilier de la Constitution indienne, c'est la presse. Mais aujourd'hui en Inde, la liberté et les droits de la presse sont entravés par des pressions politiques, notamment dans le Tamil Nadu, où la presse n'est pas en mesure de dénoncer les racines des maux de la société. Le chef du gouvernement du Tamil Nadu déclare fièrement qu'il appartient à la famille de la presse, tout en étant responsable de l'injustice dont elle est victime. Je ne suis pas la seule victime, de nombreux travailleurs de la presse ont été arrêtés au cours des derniers mois. Mon cas a fourni un exemple pour l'unité de la presse dans le Tamil Nadu. Ainsi, si nous sommes unis, nous pouvons gagner contre n'importe quel pouvoir. "La plume est plus puissante que l'épée." Nous devrions être tous unis et travailler ensemble pour la liberté de la presse. RSF: Comme des charges pèsent toujours contre vous, que peut-il se passer? A.S. M. : Oui, il y a toujours des charges qui pèsent à mon encontre. Je devrai assister aux audiences de la cour jusqu'à ce que l'affaire soit close. C'est seulement grâce au soutien de la presse qui plaidera en ma faveur auprès des autorités, que je pourrai être rapidement entièrement libre. Je tiens à renouveler mes remerciements envers l'équipe de Reporters sans frontières pour son immense soutien. Je nous souhaite de continuer de travailler tous ensemble, inlassablement, pour la liberté de la presse dans le monde. Voir le communiqué du 5 novembre : http://www.rsf.org/Arrestation-du-redacteur-en-chef-d,34911.html
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Updated on 20.01.2016