Reporters sans frontières demande au Premier ministre Hun Sen d'ordonner au plus vite la création d'une commission d'enquête indépendante sur l'assassinat du journaliste Khim Sambo, suite à la publication d'informations faisant état de l'implication possible d'un haut responsable de la police et d'une volonté des enquêteurs d'étouffer l'affaire.
Reporters sans frontières demande au Premier ministre Hun Sen d'ordonner au plus vite la création d'une commission d'enquête indépendante sur l'assassinat du journaliste Khim Sambo, suite à la publication d'informations faisant état de l'implication possible d'un haut responsable de la police et d'une volonté des enquêteurs d'étouffer l'affaire.
"Une enquête est en cours, mais la publication d'informations crédibles mettant en cause le chef de la police cambodgienne est d'une telle gravité que le gouvernement devrait, au plus vite, confier l'enquête à des experts indépendants. Tant que cet assassinat ne sera pas complètement élucidé, le doute persistera sur la volonté du gouvernement de Hun Sen de faire la lumière. Nous appelons également le chef de la police à s'expliquer sur ces accusations", a affirmé l'organisation.
"Nous demandons aux autorités américaines de rendre publiques au plus vite les conclusions des agents du FBI qui ont travaillé sur cette affaire pendant plus de deux semaines, aux côtés des enquêteurs cambodgiens", a ajouté Reporters sans frontières.
Plusieurs journalistes et militants des droits de l'homme ont recueilli des informations fiables indiquant que Hok Lundy, le directeur de la police nationale, serait impliqué dans la mort de Khim Sambo, journaliste du quotidien d'opposition en langue khmère Moneakseka Khmer ("Conscience khmère"), et de son fils de 21 ans, assassinés le 11 juillet 2008 à Phnom Penh, à la veille d'élections générales.
Des proches du journaliste disposeraient d'informations précises, mais ils n'oseraient pas les communiquer aux enquêteurs car ils suspectent l'implication de la police dans le meurtre.
Le quotidien South China Morning Post de Hong Kong, a publié, début octobre, une enquête détaillée sur le meurtre du journaliste. Il relève notamment que les assassins, probablement des tueurs à gages, ont agi à visage découvert, prouvant ainsi qu'ils étaient sûrs que les commanditaires les protégeraient. Un militant des droits de l'homme a également affirmé que les témoins du crime ont été intimidés et ont refusé d'apporter leur témoignage. Par ailleurs, le chef de la police de la capitale a affirmé, dans un communiqué, qu'un "officiel du FBI est d'accord sur le fait que ces assassinats étaient une vengeance à l'encontre du fils du journaliste".
Quelques jours après la publication de cet article, les agents du FBI qui participaient à l'enquête ont quitté le Cambodge. Un média de Phnom Penh a annoncé qu'ils avaient finalisé leur enquête, mais le FBI a cessé sa participation, alors même que des officiels américains avaient auparavant annoncé que les agents resteraient jusqu'à ce que le cas soit résolu.
Journaliste d'opposition, Khim Sambo a écrit de nombreux articles sur la corruption et le népotisme du parti au pouvoir, le Cambodia People's Party. Mais un reportage a attiré l'attention des journalistes et militants des droits de l'homme qui se sont penchés sur le dossier. En effet, Khim Sambo avait écrit, moins de deux semaines avant sa mort, un article détaillé sur un "haut responsable de la police", jamais cité mais facilement identifiable, accusé d'être l'un des "hommes les plus dangereux du pays". Cet officier de police se serait rendu, le 25 juin 2008, dans un casino installé à Bavat, près de la frontière du Viêt-nam. Après avoir perdu son argent, l'officier aurait, sous la menace, obtenu un crédit de l'établissement et fait arrêter un responsable du casino qui refusait de lui accorder une nouvelle avance.
Hok Lundy a été le gouverneur de la province de Svay Rieng avant d'être nommé directeur de la police en 1994. Proche de Hun Sen depuis 1979, Hok Lundy est le beau-père de l'un des fils du chef du gouvernement. Dans un communiqué de 2007, Human Rights Watch avait écrit à son propos : il "représente le pire absolu de ce que le Cambodge peut offrir." En 2006, l'ancien chef de la police de Phnom Penh a accusé Hok Lundy d'être impliqué dans au moins 70 exécutions extra-judiciaires.