Quatre menaces de mort en trois jours contre une manifestante des “Journalistes pour la vie”
Organisation :
“Chienne, on va te buter !” La journaliste indépendante et défenseur des droits de l’homme Itsmania Pineda Platero a été “avertie” une première fois en ces termes, le 6 janvier 2012, avant de recevoir, le jour même puis les 8 et 9 janvier, trois autres appels du même type. L’un d’eux laissait entendre le bruit d’un chargeur de pistolet.
Reporters sans frontières tient les autorités pour responsable de la sécurité de la journaliste, qui défilait en tête du cortège des “Journalistes pour la vie et la liberté d’expression” (photo), au cours d’une manifestation durement réprimée devant le palais du gouvernement, le 13 décembre dernier. Une plainte a été déposée, huit jours plus tard, suite à cette agression commise par des militaires et des membres de la garde d’honneur présidentielle. Reporters sans frontières attend d’en connaître les suites judiciaires.
“Itsmania Pineda Platero était déjà une personnalité exposée, au titre de ses fonctions de directrice de l’organisation de défense des droits de l’homme Xibalba. Elle l’est encore davantage depuis la manifestation du 13 décembre et aucune protection normalement garantie n’a été mise en œuvre pour elle et sa famille. Il y a urgence à remédier à cette situation sans délai. L’impunité n’a que trop duré. Dix-sept journalistes ont perdu la vie au Honduras depuis le coup d’État du 28 juin 2009. A travers Itsmania Pineda Platero, nous considérons que l’ensemble du collectif des ‘Journalistes pour la vie et pour la liberté d’expression’ se trouve désormais menacé. La responsabilité des autorités est à nouveau engagée”, a déclaré Reporters sans frontières.
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22.12.11 - Quinze femmes journalistes déposent plainte contre les plus hautes autorités de l’État
Le président Porfirio Lobo Sosa ainsi que les généraux René Osorio Canales et Andrés Felipe Díaz, respectivement chef d’État-major des armées et chef de la garde d’honneur présidentielle, font désormais l’objet d’une plainte déposée, le 21 décembre 2011, par quinze femmes journalistes du collectif “Journalisme pour la vie et la liberté d’expression” devant la procureur des droits de l’homme Sandra Ponce.
Cette procédure fait suite à la manifestation du 13 décembre dernier, au cours de laquelle les plaignantes et une cinquantaine de journalistes, militants des droits de l’homme et représentants de certains mouvements sociaux avaient été violemment agressés en passant aux abords du palais du gouvernement à Tegucigalpa.
“Trois raisons au moins nous amènent à soutenir cette plainte collective, dont nous avons reçu copie. Elle constitue, d’une part, la réponse légitime à de graves abus d’autorité contre des personnes sans défense. Elle réplique, d’autre part, à une scandaleuse propagande d’État consistant à discréditer les victimes en les faisant passer pour les agresseurs. Pourquoi une précédente manifestation de journalistes organisée quatre jours plus tôt au même endroit a-t-elle eu lieu sans le moindre heurt ? Enfin, au-delà des faits dont elle relève, cette plainte collective pose légitimement la question de savoir pourquoi l’impunité perdure dans un pays devenu, après le Mexique, le plus meurtrier du continent pour ceux qui font œuvre d’informer, en particulier sur une situation des droits de l’homme aussi alarmante. Notre voix se joint à celle des plaignantes pour exiger des autorités honduriennes que justice soit un jour rendue”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le Honduras compte 24 journalistes tués depuis 2003, dont 17 depuis le coup d’État du 28 juin 2009.
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14.12.11 - Une protestation pacifique de femmes journalistes reçue à coups de matraque devant le palais présidentiel
Convoquée à l’initiative du collectif “Journalistes pour la vie et la liberté d’expression”, une protestation pacifique de journalistes - en majorité des femmes – a été la cible de brutalités de la police et de l’armée aux abords du palais présidentiel, le 13 décembre 2011 à Tegucigalpa. Parties de l’Université pédagogique Francisco Morazán, les manifestantes réclamaient justice pour les 24 journalistes tués depuis 2003, dont 17 durant la période consécutive au coup d’État du 28 juin 2009.
“Face à une situation des plus dramatiques pour les libertés publiques et les droits de l’homme, l’État hondurien n’a pour seule réponse que la répression. Cette attitude révèle toute sa responsabilité dans ce contexte et la claire continuité de la dynamique de persécution à l’œuvre depuis le coup d’État. La ‘réconciliation nationale’ prônée depuis l’Accord de Cartagena n’est plus qu’un vain mot. La communauté internationale et les États latino-américains se doivent d’exiger à l’horizon 2012 des résultats tangibles dans les enquêtes sur les violations des droits de l’homme et la pleine coopération des autorités honduriennes en la matière. Faute de quoi, à l’approche des élections majeures de 2013, le pays risque à nouveau le chaos”, a déclaré Reporters sans frontières.
La mobilisation du 13 décembre fait notamment suite au dernier assassinat de journaliste en date, pour la première fois celui d’une femme en la personne de Luz Marina Paz Villalobos, le 6 décembre dernier. Comme l’a rappelé l’organisation C-Libre, partenaire de Reporters sans frontières, les protestataires entendaient également dénoncer les actes de censure et les persécutions systématiques dont souffrent les médias alternatifs et communautaires, ainsi que les défenseurs des droits de l’homme et les représentants des mouvements sociaux. Miné par la violence politique depuis le coup d’État de 2009, le Honduras compte, de façon générale, parmi les pays affichant les pires taux d’insécurité à échelle mondiale, à raison de 86 homicides pour 100 000 habitants.
“Nous sommes parvenues à bouger un peu la barrière de sécurité et à atteindre notre but, ce qui a rempli de colère les militaires en charge de surveiller le palais présidentiel qui, un peu plus loin, nous attendaient derrière une autre barrière métallique. Ils nous ont reçues en nous repoussant, en nous infligeant des coups de matraque et en nous jetant des gaz toxiques pour nous faire déplacer”, a témoigné auprès de Reporters sans frontières l’une des participantes, notant que les collègues présents lors d’une précédente manifestation, convoquée le 9 décembre à l’appel du Collège des journalistes du Honduras (CPH), avaient pu défiler sans le moindre heurt.
Pays le plus meurtrier du continent pour la profession après le Mexique, le Honduras compte cinq journalistes tués depuis le début de l’année, dont trois en lien direct ou hautement probable avec l’activité professionnelle.
Publié le
Updated on
20.01.2016