Quatre journalistes arrêtés et une radio fermée à Lahore au cours des dix derniers jours

Au cours des dix derniers jours, quatre journalistes ont été arrêtés au Pakistan pour des articles qui ont déplu aux autorités ou à des groupes tribaux. Reporters sans frontières s'inquiète de cette vague d'arrestations, qui s'ajoute aux pressions régulières des services de sécurité sur les journalistes indépendants, et de la fermeture de l'une des rares radios d'information privées du pays. Dans une lettre adressée au Premier ministre pakistanais, Shaukat Aziz, Reporters sans frontières a demandé la libération des journalistes et collaborateurs des médias encore détenus. L'organisation a souhaité que le chef du gouvernement intervienne en faveur de la réouverture de la station FM Radio 103. Le 12 novembre, une vingtaine de policiers a saisi des équipements dans les locaux de FM Radio 103 à Lahore. De fait, la station ne peut plus émettre. La radio diffusait notamment des programmes du service en ourdou de la BBC World Service. Deux employés ont été arrêtés par la police. Il s'agirait d'Abdul Ghafoor et Nauman. Le 10 novembre 2004, Farhat Abbas Shah et Afaq Shah, journalistes de la radio privée FM Radio 103, ont été arrêtés par la police dans les locaux de la station à Lahore, province du Pendjab (est du pays). Ils ont été libérés sous caution le lendemain. Selon le Club de la presse du Pakistan, les deux journalistes ont été interpellés pour la diffusion à l'antenne d'un reportage sur un scandale touchant l'Institut de cardiologie du Pendjab. Ils ont été malmenés lors des premières heures de leur détention. La police reproche aux deux journalistes leur participation à une manifestation devant un bâtiment public. Mais le directeur de FM Radio 103 a déclaré que Farhat Abbas Shah n'avait pas participé à cette manifestation. Le 6 novembre, Qazi Muhammad Rauf (photo), correspondant du quotidien en ourdou Express dans la zone tribale Khyber Agency (nord-ouest du pays), a été détenu pendant 24 heures par des membres de la tribu Sheikhmalkel qui jugeaient partial l'un de ses articles sur des affrontements entre les Sheikhmalkel et l'organisation religieuse fondamentaliste Amr Bill Maroof Wa Nahee Anil Munkar dans cette zone tribale. Qazi Muhammad Rauf a été arrêté près de Jan Killi par une douzaine d'hommes armés qui l'ont conduit dans un centre de détention privé où il a été frappé puis enchaîné. Alertées par ses collègues de l'Union des journalistes tribaux, les autorités sont intervenues en sa faveur auprès de responsables de la tribu. Qazi Muhammad Rauf a été libéré le 7 novembre. Le 4 novembre, Ghulam Shehzad Agha, directeur du magazine interdit Kargil International, a été arrêté par la police à Skardo (nord-est du pays). Les autorités reprocheraient à ce journaliste et militant politique ses prises de position en faveur de l'autonomie de la partie pakistanaise du Jammu et Cachemire. Le magazine qu'il dirigeait a été interdit le 8 septembre 2004 par le ministère de l'Intérieur pakistanais. La rédaction est accusée d'avoir publié des informations " séditieuses " et " antipatriotiques ". Par ailleurs, Sarwar Mujahid, correspondant du quotidien conservateur en ourdou Nawa-i-Waqt dans le district d'Okara (Est), a été libéré le 12 octobre 2004 après plus de deux mois de détention dans la prison de Sahiwal (province du Pendjab). Sarwar Mujahid était emprisonné en vertu de la loi sur le maintien de l'ordre public (Maintenance of Public Order, 3MPO). La détention du journaliste semblait être liée à ses articles sur un conflit entre des paramilitaires pakistanais et des métayers cultivant depuis des années des terres appartenant à l'armée.
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Updated on 20.01.2016