Procès en appel de Ching Cheong : pas d'audience malgré l'absence de preuves sérieuses dans le dossier
Organisation :
Reporters sans frontières est outrée par la décision des autorités judiciaires chinoises de refuser d'organiser des audiences lors du procès en appel du journaliste hongkongais Ching Cheong.
"De quoi a peur la justice chinoise en refusant à un journaliste honnête le droit d'être défendu ? Malgré les grossières manipulations et approximations du verdict du tribunal de première instance, des juges sous influence s'apprêtent à confirmer une peine injuste sans même prendre la peine de tenir ne serait-ce qu'une audience. Nous demandons au Premier ministre Wen Jiabao - qui a déclaré avoir confiance dans la justice dans cette affaire - de garantir la tenue d'audiences publiques et de permettre à la défense de témoigner", a affirmé l'organisation.
Les avocats chinois de Ching Cheong ont récemment annoncé que la cour d'appel de Pékin avait décidé d'examiner son cas sans tenir d'audience. L'épouse du journaliste, Mary Lau, a déclaré, le 28 octobre, qu'elle était "déçue par cette décision de la cour." "Ils nous enlèvent la possibilité de démontrer que la fondation taïwanaise avec laquelle Ching Cheong a collaboré n'est pas une agence d'espionnage ", a-t-elle expliqué à Reporters sans frontières.
Selon les avocats de Ching Cheong, le procès en appel devrait avoir lieu en novembre. Il pourrait donc se limiter à l'énoncé d'un verdict confirmant la peine. La loi chinoise permet à une cour d'appel, si elle estime que les preuves présentées en première instance sont suffisantes, de ne pas convoquer d'audience.
Le 8 septembre, les avocats du correspondant du quotidien singapourien Straits Times avaient fait appel de la condamnation à cinq ans de prison et à une lourde amende pour « espionnage ». Le journaliste - dont la santé se serait sensiblement dégradée - a toujours clamé son innocence.
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08.09.06
Ching Cheong fait appel de sa condamnation alors que le verdict révèle de grossières manipulations
Reporters sans frontières soutient la décision de Ching Cheong, correspondant du quotidien singapourien Straits Times à Hong Kong, de faire appel de sa condamnation à cinq ans de prison pour « espionnage ». Son avocat, He Peihua, a confirmé à l'Agence France-Presse avoir interjeté le 8 septembre de la condamnation en première instance devant un tribunal de Pékin. « Sa famille et lui-même ont jugé le verdict trop lourd et injuste », a-t-il précisé. Le journaliste a toujours clamé son innocence et il a fait passer un message à sa famille dénonçant un verdict injuste.
Reporters sans frontières est choquée par les manipulations contenues dans un document, présenté comme le verdict du procès de Ching Cheong, publié par un journal de Hong Kong. L'accusation d'espionnage ne repose que sur des contacts professionnels avec des chercheurs d'une fondation taïwanaise. Si Ching Cheong a bien été payé par une fondation taïwanaise pour écrire des articles sur des sujets de géostratégie, cela ne constitue en rien une affaire d'espionnage. Alors que toute la procédure a été marquée par des irrégularités et le secret, la justice se cache derrière de supposées confessions de Ching Cheong et d'universitaires chinois emprisonnés, obtenues dans des circonstances contraires aux standards de la justice internationale. Par ailleurs, la nature des informations diffusées par le journaliste, qualifiées de « secrets d'Etat » par la justice, relève de la paranoïa du pouvoir à Pékin. Des dizaines de journalistes, de dissidents et d'universitaires sont emprisonnés en Chine pour avoir divulgué de supposés « secrets d'Etat ».
Le gouvernement taïwanais a nié, le 1er septembre, que Ching Cheong avait espionné en faveur de Taipei. Les autorités ont confirmé, en revanche, que le reporter de Hong Kong avait eu des contacts professionnels avec une fondation de recherche taïwanaise.
En plus de la peine de prison, la justice chinoise a condamné Ching Cheong à payer 300 000 yuans (30 000 euros) et 310 000 dollars HK (plus de 30 000 euros) d'amende. Des biens de sa famille ont déjà été saisis en Chine populaire. L'épouse du journaliste, Mary Lau, s'est étonnée du montant exorbitant de l'amende : « Ils ont l'air de penser que l'on a beaucoup d'argent. »
Reporters sans frontières réitère, en coordination avec la Hong Kong Journalists Association, sa demande de libération immédiate de Ching Cheong. « Nous sommes intimement convaincus que cette lourde condamnation vise à punir un journaliste d'investigation et à faire peur à la presse de Hong Kong », a affirmé Reporters sans frontières.
Publié le
Updated on
20.01.2016