Prix Sakharov 2010 : Guillermo Fariñas doit pouvoir recevoir sa récompense à Strasbourg le 15 décembre
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Journaliste dissident, blogueur et infatigable militant des libertés publiques à Cuba, Guillermo Fariñas Hernández s’est vu décerner, le 21 octobre 2010, le prix Sakharov 2010 pour la Liberté de l’esprit du Parlement européen. Dix-huit jours après l’attribution du prix Nobel au dissident chinois Liu Xiaobo, cette nouvelle constitue un signal majeur : les droits de l’homme ne sont pas optionnels. Aucun pays ne peut se soustraire à l’obligation de respecter et de faire respecter les libertés fondamentales, notamment celle de circuler sans entraves, et celle d’informer et d’être informé sans censure. Comme Liu Xiaobo, Guillermo Fariñas s’est fait défenseur de ces libertés. Nous le félicitons très vivement pour son prix. Reporters sans frontières lui avait attribué le prix Cyberliberté en 2006.
Guillermo Fariñas est attendu à Strasbourg le 15 décembre pour la cérémonie de remise du prix Sakharov. Les autorités de La Havane doivent lui permettre d’aller chercher sa récompense, ainsi qu’aux Dames en Blanc restées dans l’île, lauréates avec Reporters sans frontières du prix Sakharov en 2005. Cette autorisation de voyager, si elle lui est accordée, doit évidemment être assortie du droit de retourner ensuite chez lui. Guillermo Fariñas est citoyen cubain, comme ses compatriotes incarcérés à l’époque du Printemps noir de mars 2003, et récemment sortis de prison en contrepartie d’un exil forcé et définitif. Parmi eux, notre correspondant Ricardo González Alfonso, désormais installé à Madrid.
Militaire vétéran du contingent cubain en Angola, Guillermo “El Coco” Fariñas, 48 ans, est passé à la dissidence dans les années 90, et de là au journalisme indépendant. Fondateur à Santa Clara (sud-est de La Havane) de la petite agence Cubanacán, en 2003, il milite pour le droit d’informer librement et défend la cause des reporters indépendants. Avec plus de vingt jeûnes de protestation à son actif, il a notamment suivi une longue grève de la faim en 2006 en faveur d’un Internet libre pour tous les Cubains. En 2010, après la mort en prison du dissident Orlando Zapata Tamayo, il a réédité cette démarche, cette fois pour obtenir la libération de tous les prisonniers politiques malades.
Il reste actuellement cinq journalistes détenus dans les prisons cubaines : Iván Hernández Carrillo, Héctor Maseda Gutiérrez et Pedro Argüelles Morán, victimes du Printemps noir, Raimundo Perdigón Brito, condamné en 2006 à quatre ans de prison, et Albert Santiago Du Bouchet, condamné en 2009 à quatre ans de prison. Le gouvernement de Cuba doit en théorie avoir libéré tous les dissidents du Printemps noir encore emprisonnés d’ici au 25 octobre. Les trois journalistes encore détenus depuis cette époque ont fait savoir qu’ils n’accepteraient pas de quitter le pays. Reporters sans frontières réitère son appel aux autorités pour qu’ils puissent y rester sans condition.
Reporters sans frontières salue encore une fois le gouvernement espagnol pour ses efforts en faveur des dissidents. Notre organisation plaide également pour la levée de l’embargo, imposé depuis 1962 par les États-Unis, qui pénalise toute une population, entrave la circulation de l’information entre l’île et l’extérieur, et fournit un argument au régime pour se poser en victime. Cependant, nous considérons que la position commune de l’Union européenne concernant Cuba doit être maintenue aussi longtemps que le gouvernement de La Havane n’aura pas ratifié et mis en œuvres les deux pactes de l’Onu sur les droits civils et politiques qu’il a signés en 2008.
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Updated on
20.01.2016