Pressions sur les médias lors du retour de l'opposant Shahbaz Sharif
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La tentative de retour au Pakistan de l'opposant Shahbaz Sharif, frère de l'ancien Premier ministre Nawaz Sharif, a donné lieu à des pressions intenses des autorités sur la chaîné privée ARY Digital TV, à l'arrestation d'un journaliste de la chaîne CNN et à des violences policières à l'encontre de journalistes qui tentaient de couvrir l'événement à Lahore.
"La manière dont les autorités pakistanaises ont tenté d'occulter le retour de cet opposant politique démontre le manque d'ouverture du gouvernement pakistanais en matière de liberté d'expression et de démocratie en général", a affirmé Reporters sans frontières dans une lettre au ministre de l'Information et de l'Audiovisuel, Sheikh Rashid Ahmed. L'organisation a demandé des explications quant aux pressions exercées sur des médias privés pour qu'ils ne couvrent pas cet événement, ainsi que des sanctions contre les policiers qui ont brutalisé des journalistes à Lahore.
Le 9 mai 2004, la chaîne de télévision privée ARY Digital TV a suspendu au dernier moment la diffusion d'une interview de Shahbaz Sharif, président du parti d'opposition PML (N), à l'occasion de son retour d'exil. Selon des responsables de la chaîne diffusée depuis la Grande-Bretagne, cette déprogrammation est le résultat de "pressions énormes du gouvernement". Le présentateur n'a pas donné d'explications, mais a déclaré : "Nous croyons à la liberté de la presse."
Le 11 mai, des policiers ont placé en résidence surveillée Syed Mohsin Naqvi, producteur de la chaîne américaine CNN au Pakistan, afin de l'empêcher d'interviewer Shahbaz Sharif. Les forces de l'ordre ont prétexté une alerte à la bombe pour entrer sans autorisation au domicile du journaliste à Lahore.
Le 11 mai également, des policiers ont empêché les journalistes de gagner l'aéroport international de Lahore (est du pays) pour couvrir le retour d'exil de Shahbaz Sharif. Par ailleurs, les reporters, dont une équipe de la BBC qui se trouvait dans le même avion que l'opposant ont été interpellés, fouillés ou brutalisés par des commandos qui avaient entouré l'avion après son atterrissage. Zafar Abbas, correspondant de la BBC à Islamabad, a été malmené quand des policiers lui ont confisqué son passeport et son matériel journalistique. Ensuite, il a été placé en compagnie d'un cameraman de la chaîne britannique, pendant près d'une heure dans un fourgon de police. Une cassette vidéo a été confisquée.
A un barrage de police à l'entrée de l'aéroport, un journaliste d'un quotidien anglophone et une reporter d'un quotidien en ourdou ont été frappés. Des agents des services secrets étaient également déployés pour identifier les journalistes dans la zone de l'aéroport. De manière plus générale, les forces de sécurité avaient procédé à de nombreux contrôles et intimidations d'opposants à Lahore pour prévenir des manifestations favorables à Shahbaz Sharif. Celui-ci a été expulsé vers l'Arabie saoudite après être resté moins de deux heures au Pakistan.
Publié le
Updated on
20.01.2016