Premier jour de la visite de Jacques Chirac : "Comptez-vous évoquer la situation de la liberté d'expression ?"

Alors que le président français entame, le 25 octobre 2006, une visite d'Etat de trois jours en Chine populaire, Reporters sans frontières l'interpelle sur la situation difficile de la liberté d'expression dans le pays. Au cours des derniers mois, le gouvernement, à travers le Département de la propagande et le Département de la sécurité publique, a renforcé son contrôle sur les journalistes, Internet et les médias étrangers. "Il serait choquant que pour la dernière visite en Chine populaire de ce quinquennat, vous restiez muet sur la situation de la liberté d'expression. Si l'on en juge par les silences répétés de la France sur les violations massives des droits de l'homme en Chine, votre politique vis-à-vis de la Chine populaire risque de se résumer à des relations courtoises avec les dirigeants communistes, de la coopération scientifique et des signatures de contrats. Mais rien de concret sur les droits de l'homme", a affirmé l'organisation. Le 25 octobre, Jacques Chirac entame son voyage d'Etat en Chine populaire par des rencontres avec le président Hu Jintao, le Premier ministre Wen Jiabao, le président de l'Assemblée populaire et un discours devant des étudiants de l'Université de Pékin (Beida). "Cette visite n'aboutira vraisemblablement pas à des signatures de contrats économiques importants. Pourquoi alors ne pas parler ouvertement et franchement de la situation des droits de l'homme ? Cette fois, les diplomates ne pourront pas rétorquer que des emplois français sont en jeu. Par ailleurs, c'est l'occasion d'affirmer que Hu Jintao n'est pas un libéral : la récente reprise en main idéologique et la répression contre les militants des droits de l'homme l'ont dramatiquement démontré". "Alors que les visites d'officiels nord-américains ou européens sont le plus souvent précédées de libérations de prisonniers politiques, cette fois, pour la France, rien. Au contraire, au cours des dernières semaines, des cyberdissidents, des avocats et des défenseurs des droits de l'homme ont été condamnés à des peines de prison. La voix de la France sur les droits de l'homme ne porte-t-elle plus en Chine ?", s'est interrogée Reporters sans frontières. "Vous allez vous exprimer devant des étudiants de la prestigieuse université de Pékin, là où sont nés les principaux mouvements démocratiques. Même si nombre d'entre eux n'ont pas une idée précise de ce qui s'est passé en juin 1989, en raison de la stricte censure qui entoure les événements de la place Tiananmen, il serait regrettable de n'utiliser devant ces étudiants que des formules vagues et passe-partout sur les libertés", a conclu Reporters sans frontières. Au moins 32 journalistes et 52 cyberdissidents et internautes sont actuellement emprisonnés en Chine populaire.
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Updated on 20.01.2016