Philippines : RSF condamne l’assassinat par balles d’un journaliste radio

Un journaliste radio philippin est décédé hier des suites de ses blessures, après avoir été visé par un assaillant armé en moto. Reporters sans frontières (RSF) condamne avec la plus grande fermeté cet assassinat et exhorte les autorités du pays à retrouver les meurtriers.

La voix d’Edmund Sestoso était familière aux auditeurs de la radio locale DyGB 91.7 FM, basée à Dumaguete, une ville de la province du Negros oriental. Tous les matins, dans son émission “Tug-anan sa Power 91”, il commentait divers problématiques locales, notamment les sujets politiques ou les conflits armés. Agé de 51 ans, le journaliste a succombé à ses blessures, hier mardi 1er mai, après avoir été victime la veille d’une violente attaque. Au moment où il arrivait à un péage, un individu non-identifié en moto a tiré plusieurs balles en direction du journaliste qui était en train de revenir chez lui après l’enregistrement de sa célèbre émission matinale. Touché à la poitrine, au ventre et aux jambes, Edmund Sestoso a été rapidement transféré à un hôpital, même si l’assaillant a également tiré sur les pneus d’un véhicule qui tentait d’évacuer le journaliste.


“RSF est absolument horrifiée par ce drame qui endeuille une nouvelle fois la communauté des journalistes philippins, auxquels nous témoignons notre profonde solidarité, déclare Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. Edmund Sestoso œuvrait pour le bien public en éclairant ses auditeurs sur l’actualité de la région de Dumaguete, quitte à aborder des thématiques qui dérangent. Nous appelons les autorités à tout mettre en œuvre pour retrouver le tueur et ses commanditaires, et ne pas laisser ce crime impuni.”


La police locale a affirmé que l’attaque était très probablement liée à l’exercice de sa profession. Joel Sy Egco, responsable du groupe de travail présidentiel chargé de la sécurité des médias (PTFOMS) a confirmé à RSF que, jusqu’à preuve du contraire, il considérait aussi qu’Edmund Sestoso avait été ciblé pour son émission. Un conflit entre divers clans politiques du Negros oriental pourrait expliquer l’assassinat du journaliste qui, par le passé, a aussi été président de la branche locale de l’Union nationale des journalistes des Philippines (NUJP). Il laisse derrière lui deux filles de treize et onze ans.


Il s’agit du premier journaliste assassiné aux Philippines en 2018. Sous la présidence de Rodrigo Duterte, élu en 2016, particulièrement virulent à l’encontre des médias, Edmund Sestoso est au moins le cinquième journaliste tué en raison de son activité.


Les Philippines, longtemps considéré comme l’un des pays les plus dangereux pour les journalistes, a perdu 6 places et se classe désormais à la 133e position sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse 2018.
Publié le
Mise à jour le 23.08.2019