Philippines : RSF appelle le futur président à rétablir la liberté de la presse et à mettre fin à l’impunité des crimes contre les journalistes

Reporters sans frontières (RSF) appelle le président philippin nouvellement élu, Ferdinand Marcos Junior, qui sera investi le 30 juin 2022, à rompre avec la politique de harcèlement des médias menée par son prédécesseur et soutien politique, Rodrigo Duterte, et à mettre fin à l’impunité des crimes contre les journalistes.

Ferdinand Marcos Junior, fils et homonyme du défunt dictateur qui dirigea les Philippines entre 1965 et 1986, a remporté l’élection présidentielle du 10 mai 2022 et sera investi le 30 juin prochain. L’ancien sénateur de 64 ans a été élu pour un mandat unique de six ans aux cotés de la vice-présidente Sara Duterte, fille du président sortant Rodrigo Duterte, qui leur a apporté son soutien. 

Dès son arrivée au pouvoir en 2016, Duterte s’était lancé dans une guerre ouverte contre les « fils de pute de journalistes », dont la lauréate du prix Nobel de la paix Maria Ressa, fondatrice du site Rappler, est devenue le symbole. Dans ce climat de terreur où s’enchaînaient attaques verbales, harcèlement judiciaire et fermeture forcée de dizaines de médias radio et télévision, au moins 16 journalistes ont été tués dans une quasi-totale impunité.

« La situation actuelle de la liberté de la presse aux Philippines est désastreuse, mais le futur président a le pouvoir d’inverser la tendance, insiste la porte-parole de RSF, Pauline Adès-Mevel. Nous appelons Ferdinand Marcos Junior à se démarquer de son prédécesseur Rodrigo Duterte en faisant respecter à tous les échelons de l’administration la Constitution de 1987, qui garantit la liberté de la presse, et en commissionnant une enquête indépendante sur les crimes commis contre les journalistes sous les gouvernements précédents. »

Si les attaques contre les médias se sont intensifiées sous la présidence de Duterte, les Philippines sont, depuis bien plus longtemps, un pays particulièrement dangereux pour les journalistes. En 10 ans, au moins 34 d’entre eux ont été tués selon les données recueillies par RSF (2012-2021). En proie à une violence systémique (crise politique, séparatisme, drogue...), l’archipel est le 8e pays le plus dangereux pour les journalistes, à égalité avec le Yémen. 

Depuis le début du mandat de Rodrigo Duterte, les Philippines ont perdu 22 places et se situent actuellement à la 147e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2022.

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