Philippines : le reporter Ronnie Villamor tué lors d’un “accrochage” avec des militaires

Alors qu’il suivait une opération d’arpentage d’une propriété dans la cadre d’un conflit foncier sur lequel il réalisait un reportage, le journaliste a été pris à partie par des militaires qui ont ouvert le feu. Reporters sans frontières (RSF) demande qu'une enquête soit menée de façon totalement indépendante pour que cette bavure ne reste pas impunie.

Le récit de la police est pour le moins controversé. Le journaliste indépendant Ronnie Villamor a été tué par des soldats, samedi 14 novembre vers 13 h 30 à Milagros, une ville située dans le centre de l'archipel philippin, dans le cadre d’un “accrochage” au cours duquel le journaliste aurait dégainé une arme à feu. 


Problème, cette version va clairement à l’encontre de celle présentée par les collègues du journaliste qui pigeait pour plusieurs publications de l’île de Masbate, où il était basé.


Selon l’Union nationale des journalistes des Philippines, Ronnie Villamor était présent sur les lieux pour enquêter sur un conflit foncier autour d’une propriété située dans la localité de Matanglad. Il couvrait plus précisément une opération d’arpentage du terrain par quatre individus mandés par le propriétaire. 


A ce titre, le journaliste avait même informé le poste de police local de cette opération à Matanglad. Sur place, lui et les personnes qu’il accompagnait ont été bloqués par un groupe de militaires. En fait d'arme à feu, c’est un téléphone que le journaliste a dégainé, afin de régler le différend en appelant les policiers. C’est à ce moment-là que les soldats ont tiré. Touché, le reporter est mort sur le coup.


Bavure


“Les premiers éléments de l’enquête tendent clairement à prouver que Ronnie Villamor a été victime d’une terrible bavure militaire, déclare Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. Afin que personne ne couvre les auteurs des tirs en soustrayant preuves ou témoignages, nous demandons aux autorités philippines la mise en place immédiate d’une équipe parfaitement indépendante pour mener l’enquête sur ce meurtre choquant.” 


Ronnie Villamor est le quatrième journaliste philippin tué en 2020. Il y a à peine dix jours, le reporter Virgilio Maganes a été abattu par deux assaillants à moto, devant son domicile de Villasis, dans le nord de l’archipel philippin. 


Les Philippines se situent au 136e rang sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par RSF.

Publié le
Updated on 18.11.2020