Philippines : le reporter Jobert Bercasio, spécialiste de l’industrie minière, sauvagement abattu

Le journaliste est mort sur-le-champ, après avoir été visé à bout portant par deux hommes à moto. Compte tenu des premiers éléments de l’enquête, Reporters sans frontières (RSF) privilégie pour l’instant l’hypothèse d’un mobile lié à son activité professionnelle, et invite la police à faire de même.

Il a été abattu de cinq balles de F-16, le fusil d’assaut de l’armée états-unienne. Jobert Bercasio, dit “Polpog”, est mort sur-le-champ, ce soir, lundi 14 septembre, vers 20 heures, dans son quartier de Seabreeze Homes, administré par la municipalité de Sorsogon, dans l’est de l’archipel philippin. Plusieurs témoins ont affirmé à la police que le meurtre a été exécuté par deux hommes à moto, qui ont immédiatement pris la fuite. 


Ancien rédacteur pour le site d’information local Bicol Today, spécialiste, entre autres, de l’industrie minière, Jobert Bercasio a ensuite fondé son propre média vidéo en ligne, Balangibog TV. Dans son émission diffusée tous les jours du lundi au jeudi, il y recueillait par téléphone les témoignages des téléspectateurs et y dénonçait, notamment, les activités de déforestation et d’exploitation minière illégales dans sa région.


Dans le dernier message publié sur sa page Facebook, peu avant sa mort, le journaliste faisait état du balai de camions suspects aux alentours d’une carrière qui, selon lui, n’avaient pas les autorisations nécessaires et roulaient avec de fausses plaques d’immatriculation. Il avait déjà révélé des photos de ces camions il y a quatre jours.


Impunité


“Compte tenu du modus operandi, typique des assassinats de reporters aux Philippines, tout porte à croire que ceux qui ont exécuté Jobert Bercasio ont agi sur ordre de quelqu’un que son travail de journaliste gênait, déclare Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique. Nous appelons le gouvernement philippin à faire la lumière sur cette affaire en diligentant une enquête indépendante. Il est temps que cesse l’impunité qui caractérise les crimes commis contre les journalistes sur l’archipel.”


En mai dernier, le journaliste radio Cornelio “Rex” Pepino a lui-même été abattu, vraisemblablement en représailles à ses dénonciations de faits de corruption et de pots-de-vin dans sa ville de Dumaguete - sur fond, là aussi, d’exploitations minières illégales. 


En chute de deux places par rapport à 2019, les Philippines se situent au 136e rang sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par RSF.

Publié le
Mise à jour le 14.09.2020