Pakistan : un journaliste du Baloutchistan tué par balles en raison de ses enquêtes sur la corruption

Journaliste pour le quotidien Naveed-e-Pakistan, il avait déjà reçu des menaces en raison de son travail. Reporters sans frontières (RSF) exige des autorités régionales la conduite d’une enquête sérieuse et indépendante pour identifier les responsables.

Alors qu’il rentrait chez lui, le journaliste du quotidien Naveed-e-Pakistan Anwar Jan Kethran a été tué par balles par deux inconnus armés, au soir du 23 juillet, à Barkhan, dans la province du Baloutchistan, à l’ouest du pays. 


Après la mort du journaliste, ses proches ont reçu des menaces les sommant de “se taire”, sans quoi “ils le paieraient”. Sa famille s’y refuse et soutient que c’est un ministre de la province, Abdur Rehman Kethran, qui aurait commandité son meurtre. Ce même ministre s’en était en effet déjà pris au reporter, lui intimant “d’arrêter le journalisme” en raison de ses enquêtes sur la corruption locale.


Après avoir eu le plus grand mal à faire enregistrer leur témoignage et le nom du ministre, sa famille a finalement pu porter plainte contre le commanditaire présumé du meurtre et ses gardes du corps, auprès d’agents des forces paramilitaires de la province.


“Tout porte à croire qu’Anwar Jan Kethran a été tué parce qu’il informait la population sur les pratiques corrompues des fonctionnaires locaux, déclare Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. C’est la raison pour laquelle nous appelons Jam Kamal Khan, le Premier ministre du Baloutchistan, à mener une enquête indépendante sur le déroulement des faits afin de traduire rapidement devant la justice les exécutants et commanditaires de ce meurtre.” 


L’assassinat d’Anwar Jan Kethran survient deux jours après l’enlèvement, en plein jour à Islamabad, de Matiullah Jan, un autre journaliste qui devait comparaître à la Cour Suprême dans les jours suivants pour outrage à la cour en raison d’un tweet


Ardent critique de l’armée pakistanaise sur sa chaîne Youtube MJtv, le journaliste a été menotté, cagoulé et torturé, avant d’être finalement relâché douze heures plus tard, au terme d’une opération suspectée d’avoir été orchestrée par les services secrets militaires (Inter-Service Intelligence).


Le Pakistan occupe la 145e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF en 2020.

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Mise à jour le 30.07.2020