Pakistan : RSF consternée par l’acquittement du principal suspect du meurtre du journaliste américain Daniel Pearl

Le cerveau de l’enlèvement de Daniel Pearl est sorti libre du tribunal après un jugement prononcé par la Cour suprême. Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement cette décision qui sonne comme un choquant déni de justice.

Dix-neuf ans après les faits, l’impunité est totale. La Cour suprême du Pakistan a acquitté, ce matin jeudi 28 janvier, Ahmed Omar Saeed Sheikh, le principal suspect de l’enlèvement et du meurtre du journaliste américain Daniel Pearl, décapité en 2002.


L’institution judiciaire a ordonné sa libération immédiate, ainsi que celle de trois de ses complices ; Salman Saquib, Fahad Nasim et Sheikh Adil avaient pourtant été condamnés en juillet 2002 à la perpétuité pour avoir revendiqué le rapt du journaliste. Ahmed Sheikh, le cerveau, s'était lui-même vanté d'avoir orchestré l’enlèvement devant un tribunal de Karachi, une semaine avant la diffusion de la vidéo montrant la décapitation de Daniel Pearl.


“La décision de la Cour suprême de relâcher Ahmed Sheikh et ses complices est un déni de justice extrêmement choquant pour les proches de Daniel Pearl comme pour l’ensemble des journalistes travaillant au Pakistan, déclare le responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF, Daniel Bastard. Cet acquittement restera comme le symbole de l'impunité absolue qui entoure  les crimes commis contre les journalistes dans le pays.”


Mise en scène sordide


Le jugement rendu aujourd’hui par la Cour suprême fait suite à un appel interjeté par la famille du journaliste et par le gouvernement de la province du Sindh, où cette affaire a été instruite en première instance. En avril 2020, RSF avait déjà fermement condamné la décision prise de la Haute Cour de cette province de commuer la condamnation à la peine capitale d’Ahmed Sheikh en sept ans de prison, couverte par ses années de détention provisoire. 


Daniel Pearl, qui était correspondant du Wall Street Journal,en Asie du Sud, avait disparu le 23 janvier 2002 au Pakistan. Une vidéo sordide montrant son égorgement et sa décapitation avait été remise quelque temps plus tard au consulat des États-Unis à Karachi ; son corps mutilé a été retrouvé peu après.


Le Pakistan se situe à la 145e position sur 180 pays dans l’édition 2020 du Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF.

Publié le
Updated on 28.01.2021